Chers amis,

Regardez bien, 4 petits jours seulement séparent ces deux verbatim du porte-parole du gouvernement :

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Il ne s’agit plus ici de santé, je le sais bien.

Mais je voulais porter à votre attention un bref commentaire sur le psychodrame politique qui ébranle la France, depuis que la première ministre a annoncé faire passer sa fameuse réforme des retraites en utilisant le 49.3 (c’est-à-dire sans vote des parlementaires).

Cette séquence politique a pour auteurs et acteurs des personnalités que je connais par cœur – messieurs Véran et Macron en tête.

Depuis la crise du Covid, nous sommes habitués à les entendre dire un jour blanc, et le lendemain noir, et surtout à les voir faire l’inverse de ce qu’ils avaient promis-juré de ne jamais faire.

La mémoire courte

Ceux qui ont été surpris de voir ce gouvernement dégainer une énième fois le 49.3 pour imposer son impopulaire réforme des retraites ont donc la mémoire courte.

Ils ont oublié que M. Véran avait déclaré les masques inutiles quelques semaines à peine avant d’en imposer le port obligatoire.

Ils ont oublié que M. Macron, lors de la mise en circulation des vaccins anti-Covid début 2021, avait juré que jamais il n’imposerait à quiconque de se le faire injecter, avant d’instaurer le pass sanitaire en juillet de la même année.

Ils ont oublié que messieurs Véran et Castex avaient juré que jamais le pass sanitaire ne deviendrait un pass vaccinal, qualifiant ceux qui alertaient de cette possibilité cousue de fil blanc de « complotistes »… avant d’entériner cette transformation en décembre 2021.

À tel point que faire ce qu’on avait promis de ne jamais faire peut bien être considéré comme la « marque de fabrique » des gouvernements Macron.

Cette réforme des retraites elle-même est concernée : Emmanuel Macron avait annoncé lors d’un entretien solennel avec Anne-Sophie Lapix, à l’Élysée, que jamais il ne ferait passer l’âge de départ à 64 ans[1].

Monsieur Macron et ses acolytes sont-ils tous frappés d’amnésie ? Ou d’une quelconque pathologie mentale les engageant à faire l’inverse de ce qu’ils avaient annoncé ?

Brigitte Macron doit être ravie quand son mari lui annonce qu’il l’emmène manger des sushis, et qu’elle se retrouve dans un restaurant mexicain !

Mais, sur le 49.3 annoncé hier par Mme Borne, je pense qu’il n’y a aucun changement d’avis.

C’est une rhétorique machiavélienne, héritée de l’art de la guerre.

Dire « Nous ne voulons pas la guerre », et puis tirer le premier

Cette rhétorique est très simple, et elle est régulièrement employée par les dirigeants les plus va-t’en-guerre de la planète.

Elle consiste à marteler partout « nous voulons éviter la guerre », en la préparant en parallèle.

Ainsi, lorsqu’on tire le premier, on bénéficie de l’effet de surprise.

Et l’on proclame : « Vous êtes témoins que nous avons tout fait pour éviter la guerre ! Nous n’avions pas le choix ! Ce n’est pas de notre faute ! »

C’était la rhétorique de l’administration Bush avant d’attaquer l’Irak, et celle de Poutine avant d’attaquer l’Ukraine.

Messieurs Macron, Véran et Madame Borne ont fait rigoureusement la même chose : ils ont fait abondamment passer le message qu’ils ne voulaient pas du 49.3 sur ce texte.

Comme d’habitude, personne n’a songé à mettre en doute leur bonne foi…

… jusqu’à ce qu’ils prennent tout le monde de court en annonçant tout de même y recourir.

Mon opinion – et je l’assume – est que les membres du gouvernement mentaient délibérément en criant sur tous les toits vouloir éviter le 49.3.

Ce recours était prévu depuis longtemps, peut-être même depuis le départ. Après tout, Mme Borne est la première ministre depuis Michel Rocard à recourir de façon répétée à ce joker constitutionnel.

C’était, donc, et cela ne fait pas un pli à mes yeux, une tactique. Mais à quelle fin ?

La déresponsabilisation

Cette fin, c’est la déresponsabilisation.

En annonçant officiellement qu’on veut à tout prix éviter une situation, on donne l’impression, lorsqu’on la provoque effectivement soi-même, qu’on le fait à son corps défendant.

Qu’on y est contraint.

Autrement dit, on déclare n’avoir pas le choix, et ou plutôt on prétend faire le choix de la défense, alors qu’en réalité on attaque.

Hitler n’avait pas fait autre chose avec les Sudètes, ni Bush Jr. avec Saddam Hussein.

Olivier Véran déclarant le 12 mars « nous ne voulons pas de 49.3 », puis, le même annonçant tout contrit, 4 jours plus tard, « jusqu’au bout, on a voulu l’éviter », a réédité le coup, à son échelle.

Il impose un narratif « ce n’était pas notre choix »… alors que cette botte – pour parler escrime – est la plus utilisée par ce gouvernement.

Cette stratégie de communication est d’autant plus cynique que, par définition… seul le gouvernement a la possibilité de recourir au 49.3.

Exactement comme une armée, le gouvernement « double » sa position de force par un effet de surprise laissant tous ses adversaires atterrés.

Ça n’a donc rien de nouveau, mais ça n’en reste pas moins cynique.

Les prochains jours nous diront si ça n’était pas la fois de trop.

En attendant je vous propose de faire entendre votre voix en signant cette pétition pour empêcher la réforme des retraites de passer.

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet 

[1] Nathan Darmon, « “Je ne ferai pas ça” : Emmanuel Macron, cette archive gênante qui ressurgit », Gala, 23 février 2023, https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/je-ne-ferai-pas-ca-emmanuel-macron-cette-archive-genante-qui-ressurgit_514136