Précaution indispensable à prendre avec la noix du Brésil
Chers amis,
Aux yeux de la plupart de mes amis, la noix du Brésil est un aliment quasi miraculeux, qui a la réputation de protéger du cancer de la prostate et du sein.
La noix du Brésil, c’est délicieux. Moi-même j’adore son goût fondant, qui se rapproche de celui de la noix de coco.
Il m’est arrivé d’en manger des poignées entières entre deux repas… mais c’est quelque chose que j’évite désormais absolument.
Il faut d’abord que je vous explique pourquoi la noix du Brésil a si bonne réputation.
Cela tient à sa richesse en sélénium.
Vous avez besoin de sélénium
Le sélénium est un oligo-élément indispensable au bon fonctionnement du corps.
Il combat la « rouille » de vos cellules, que les spécialistes appellent « stress oxydatif », en produisant une enzyme très importante : le glutathion peroxydase.
C’est cette enzyme qui, avec la vitamine E, protège les cellules de l’oxydation.
C’est donc un allié antivieillissement très important !
Le sélénium participe également au bon fonctionnement du foie, et à l’élimination des métaux lourds. Il soutient le système immunitaire et assure la bonne marche de votre thyroïde[1].
Son rôle dans la fertilité est aussi prouvé : il permet une meilleure mobilité des spermatozoïdes et réduirait les risques de fausse couche.
Le problème avec le sélénium
Malheureusement, notre corps ne produit pas naturellement de sélénium.
Le seul apport possible est alimentaire.
C’est pourquoi la carence en sélénium est fréquente. Un symptôme classique d’une telle carence, c’est la diarrhée chronique.
En Europe, un faible taux de sélénium a été associé à une augmentation importante du risque de carcinome hépatocellulaire, le cancer du foie le plus courant[2].
Pourquoi je précise « en Europe » ?
Parce que le sélénium se trouve dans le sol. La richesse en sélénium de nos aliments dépend donc du sol où ont poussé les céréales, les fruits et les légumes que nous consommons.
Or, les sols européens sont pauvres en sélénium.
La noix du Brésil, championne du monde du sélénium
Consommer des noix du Brésil semble une bonne façon d’éviter une carence.
Car une noix de 5 g comprendrait en moyenne 95 microgrammes de sélénium[3], ce qui est de loin supérieur à tous les autres aliments réputés riches en sélénium : les huîtres, le thon et les abats de volaille.
Le noyer du Brésil, dont provient la célèbre « noix », produit de gigantesques fruits à coque.
Chacun peut contenir une douzaine de graines ou plus. Ces graines sont les fameuses « noix du Brésil » :
Comme ces arbres poussent sur un sol naturellement riche en sélénium, leurs graines le sont aussi.
« Il suffit donc de manger des noix du Brésil pour ne pas être carencé en sélénium ! C’est formidable ! »
Mais ce n’est pas aussi simple.
Le sélénium devient vite un poison
Les apports journaliers recommandés en sélénium sont de 70 microgrammes pour les hommes, et de 60 microgrammes pour les femmes[4].
Et si on dépasse les doses ?
Eh bien, le sélénium devient rapidement toxique.
En septembre 2018, une étude[5] listait les manifestations d’une intoxication au sélénium :
- la perte des cheveux ;
- des lésions aux ongles ;
- des lésions de la peau ;
- un état de fatigue prononcé ;
- des maux de tête.
J’ai moi-même fait le lien avec les maux de tête qui m’arrivaient après avoir consommé des poignées entières de noix du Brésil !
Et encore, une migraine n’est qu’un signal !
Un excès de sélénium augmenterait, à terme, le risque de maladies bien plus graves :
- le diabète de type 2[6];
- les maladies cardiovasculaires ;
- et même le cancer[7]!
Selon la quantité que vous mangez, le sélénium peut donc vous protéger du cancer… ou vous y exposer davantage !!!
À partir de quelle quantité journalière le sélénium devient-il toxique ?
L’étude qui portait sur le diabète de type 2 montrait une augmentation du risque à 200 microgrammes par jour !
Certaines autorités sanitaires ont fixé à 400 microgrammes la dose de toxicité – soit le double[8].
Si l’on se rapporte au tableau déjà cité de Passeport Santé, il suffirait de consommer 3 noix du Brésil par jour pour faire grimper le risque de souffrir de cette maladie !
Mais j’ai découvert… qu’il était impossible de connaître la teneur en sélénium d’une noix du Brésil !
Vous ne pouvez pas vous fier à la « teneur moyenne en sélénium » d’une noix du Brésil telle que décrite dans les classements sur Internet.
Car la teneur en sélénium connaît des variations absolument folles d’une récolte à l’autre.
Une étude menée il y a deux ans sur des noix du Brésil récoltées dans différentes parties de l’Amazonie révélait que, selon la région où elles sont cultivées, leur teneur en sélénium variait… de 2 mg/kg à 68 mg/kg[9] !
Ainsi, une seule noix du Brésil récoltée dans l’état du Mato Grosso couvre 11 % des apports journaliers recommandés en sélénium, tandis qu’une autre noix récoltée, elle, dans l’état de l’Amazonas couvrirait… 288 % de ces mêmes besoins !
À un tel niveau, on a dépassé le seuil de toxicité depuis longtemps !
Dans l’idéal, il faudrait pouvoir connaître la teneur des noix en sélénium que l’on mange.
C’est impossible.
J’achète mes noix du Brésil en vrac, dans une épicerie bio et ces informations ne figurent jamais dans les bacs.
J’ai fait le test avec un sachet estampillé « commerce équitable » de la grande distribution :
Sucres, graisses, fibres et tutti quanti y figurent, mais pas la teneur en sélénium. Ni même la provenance !
Je me rationne !
Alors voilà le résultat :
- il faudrait manger 10 noix aux teneurs les plus faibles pour atteindre le seuil journalier recommandé;
- avec 4 ou 5 noix aux teneurs les plus fortes, on dépasserait le seuil de toxicité.
Face à cette impasse, je vous suggère de manger quatre ou cinq noix grand maximum dans une journée, et surtout de ne plus en manger tous les jours.
À la place, vous pouvez manger des huîtres, des sardines, des harengs marinés ou des champignons shiitaké. Là, plus de risque de surdosage…
En cas de fringale, quelles sont vos « snacks » santé préférés ?
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
Sources :
[1] Rayman (M. P.), “Selenium and human health”, The Lancet, 29 février 2012, vol. 379, publication 9822, p. 1256–68, https://doi.org/10.1016/S0140-6736(11)61452-9.
[2] Hughes (D. J.) et al., “Prediagnostic selenium status and hepatobiliary cancer risk in the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition cohort”, The American Journal of Clinical Nutrition, 29 juin 2016, https://doi.org/10.3945/ajcn.116.131672.
[3] Passeport Santé.
[4] Kipp (A. P.) et al., “Revised reference values for selenium intake”, Journal of Trace Elements in Medicine and Biology 32, 2015.
[5] Majumdar (B.), Saini (N.), Agrawal (S.), Prakash (C.), “Familiar Manifestations of Unfamiliar Selenium Toxicity”, Indian Journal of Dermatology, 2018, 63(5):430-431, https://dx.doi.org/10.4103%2Fijd.IJD_455_17.
[6] Stranges (S.), Marshall (J. R.), “Natarajan R. Effects of Long-Term Selenium Supplementation on the Incidence of Type 2 Diabetes”, Annals of Internal Medicine, 2007;(147:217-223).
[7] Bleys (J.), Navas-Acien (A.), Guallar (E.), “Serum selenium levels and all-cause, cancer, and cardiovascular mortality among US adults”, JAMA Internal Medicine, 2008;(168:404-410), https://doi.org/10.1001/archinternmed.2007.74.
[8] Institute of Medicine, Food and Nutrition Board, Dietary Reference Intakes: Vitamin C, Vitamin E, Selenium, and Carotenoids, Washington, DC: The National Academies Press, 2000, https://doi.org/10.17226/9810.
[9] Da Silva Júnior (E. C.) et al., “Natural variation of selenium in Brazil nuts and soils from the Amazon region”, Chemosphere, 2017, https://doi.org/10.1016/j.chemosphere.2017.08.158
Les lecteurs lisent aussi...
La patate douce, d’accord !
Un allié inattendu contre l’arthrose
Laisser un commentaire Annuler la réponse
En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
2 noix du Brésil et hop le lendemain matin apparais des éruptions cutané la grosseur d’un petit pois et ca démange Hum !!!! Je mange pour ma collation une pomme en quartier et des noix de grenobles et ca va
Bonjour
Pour mes snacks je mange noix de Grenoble amandes ‘noisettes carrés de chocolat noir.. pruneaux..je pourrais ne manger sur ça !!
Merci pour vos articles 🙏🙏🙏
Merci beaucoup pour tous vos bons conseils moi qui mange une noix de pécan par jour je vais me restreindre. Bonne journée et bonne santé
Merci mille fois!
Bonjour,
J’habite dans le sud du Portugal et je possède une vingtaine d’amandiers sur mon terrain.
Je consomme donc régulièrement des amandes.
Pouvez vous me dire si je fais bien ou pas?
Bonjour Monsieur Rodolphe Personnellement, ma préférence sont les noix de macadamia bios, fraîches en coques, pour éviter la torréfaction décortiquées! Difficile à trouver c’est vrai.
A un moment de ma vie, j’avais la possibilité d’en commander par 10 kg, en provenance d’Australie ou Californie. Un véritable délice!
Bonjour M.Bacquet, mes « snacks » santé sont depuis toujours ceux des écureuils: noix du jardin, noisettes, amandes et cacahuètes entières à décortiquer soi-même… quelques carrés de chocolat noir 70% min ne nuisent pas! En été, régime muscardin : cassis, framboises, fraises, mûres, myrtilles sans modération, je crois que mangerais le cassissier en entier d’ailleurs (bourgeons, feuilles et fruits!) vive les coins de province encore sauvages ! Merci pour votre travail de précision jusque dans les moindres détails! V J
Bonjour, pourquoi vous ne parlez pas de la noix de Grenoble où j’habite …ont elles les MEMES EFFTETS QUE CELLES DU BRESIL ,??? …..NOUS EN MANGEONS TOUS LES JOURS 3 OU 4 DEPUIS DES ANNEES.
Intéressant votre article sur les noix du Brésil, j’en mange 5x/semaine mais pas plus que 2/jour. J’aime bien les lamelles de noix de coco, amandes, noisettes en petite quantité quand j’ai un petit creux. Ou croquer dans une barre de chocolat noir. Belle journée à vous et merci pour vos articles très pertinents! Manuela
Les noix du Brésil sont très caloriques. J’avais déjà lu que, selon leur provenance, leur teneur en sélénium varie très sensiblement. Si vous proposez qu’on en mange 4 d’un coup, combien de jours devons-nous attendre avant d’en reprendre autant ?
Très intéressant ce que vous publiez…..mes respects…mes coordinations et mon souhait de commencer l’expérience
Bonjour cher frère
Est- ce qu’on peut trouver cette noix du Brésil en Afrique ?
Merci pour cet article très interessant!!
Il est très rare de lire que l’excès d’oligoélément est toxique et pro cancer.
Si ça peut éviter que les gens, sous prétexte que c’est « bon et nécessaire », se supplémente à l’aveugle, sans dosage biologique, un grand pas vers la santé serait fait.
Bonjour Rodolphe
Ayant lu votre très intéressant article sur le Selenium et les noix du Brésil, je vous partage que depuis l’âge de 25 ans, (j’en ai 74 ), j’ai identifié certains aliments dont l’envie se fait sentir de manière précise et intense dès que je suis en état de grande dépense énergétique, manque de sommeil, stress pour intervention chirurgicale etc: croquer un gros champignon de Paris bien blanc et frais, manger de l’avocat, quelques amandes, du melon ou des fraises bien rouges et fraîches.
Comme pathologie, adénome de la prostate.
Voyez-vous un ou plusieurs nutriments communs à tous ces “craving food”?
Merci d’avance pour votre réponse….
Frédéric MARTIN
J ai noté pour les noix du Brésil
Mais qu en est il des noix de chez nous et des amandes.
J en consomme tous les jours a peu près 5 ou 6 noix le soir et entre 5 et 10 amandes le matin.
Est ce trop ?