Chers amis,
En 1973 la concentration de spermatozoïdes des Occidentaux s’élevait à 99 millions par millilitre de sperme.
Moins de 40 ans plus tard, en 2011, cette concentration avait dégringolé à 47,1 millions selon les résultats d’une étude publiée en 2017, soit une baisse de 52,4%[1].
Les médecins considèrent qu’en-dessous de 45 millions de spermatozoïdes par ml, le temps nécessaire pour arriver à concevoir devient significativement plus long.
Il n’y a aucune raison de penser que la tendance va s’infléchir.
Cette chute de la concentration de spermatozoïdes n’est que l’un des aspects du problème général de l’infertilité croissante ; on pourrait se dire qu’à l’heure où la population mondiale atteint 8 milliards d’êtres humains[2], cette baisse de fertilité n’est pas vraiment grave.
Mais, d’une part, cette infertilité n’affecte pas tous les habitants de la planète (et l’Europe devrait être l’un des premiers continents à vivre une décroissance démographique au cours de ce siècle[3]) et, surtout, que vous soyez ou non en âge de procréer, et que vous ayez prévu ou non de faire des enfants… cette infertilité galopante est une mauvaise nouvelle.
À cause des raisons qui la provoquent.
1 enfant sur 30 conçu sans relation sexuelle
En France, en 2018, 1 enfant sur 30 était conçu sans relation sexuelle, autrement dit par assistance médicale, c’est-à-dire soit par fécondation in vitro, soit par insémination artificielle[4].
C’est une proportion importante, surtout si l’on considère que le premier « bébé éprouvette » a été conçu il y a moins de 50 ans, en 1978.
La place qu’occupent ces méthodes médicales dans la procréation est en hausse constante depuis les années 1980… et n’est que la partie émergée de l’iceberg des difficultés que rencontrent les couples à concevoir un enfant.
Ils seraient, d’après un rapport gouvernemental, 3,3 millions – soit un couple sur quatre[5].
Pour les hommes, ce problème de fertilité est lié à une raison principale, à la tendance fortement marquée – la baisse spectaculaire du nombre de spermatozoïdes – mais les femmes, elles, subissent de plein fouet une hausse de différentes pathologies affectant leur capacité à concevoir :
- L’endométriose ;
- Le syndrome des ovaires polykystiques ;
- L’nsuffisance ovarienne précoce ;
- Les fibromes ;
- L’obstruction des trompes
Les causes de cette baisse de la fertilité sont donc connues. Mais intéressons-nous aux raisons de ces causes !
Cette infertilité est la réponse à « l’évolution » de notre société
Ces raisons sont de trois sortes : sociétale, environnementale et comportementale.
Pour les femmes, le premier facteur d’infertilité est l’âge.
En Europe, nous faisons des enfants de plus en plus tard, à la fois pour des raisons économiques (avoir assez de sous pour élever un enfant), sociales (de plus en plus de femmes souhaitent d’abord faire carrière) et éthiques (le mouvement « no child », qui consiste à ne pas alourdir encore la planète est mineur mais progresse).
Si ce recul de l’âge de la procréation n’a pas beaucoup d’incidence sur la fertilité masculine, il en a sur celle des femmes.
Les femmes ont un nombre de gamètes limité, et la qualité de leurs ovocytes diminue également avec le temps ; plus on retarde l’âge de la procréation, plus celle-ci peut être compliquée, tant pour la mère (complications de grossesse) que pour l’enfant (risque de malformation, de trisomie 21 notamment).
Pour les hommes en revanche le premier facteur d’infertilité est à chercher ailleurs : la pollution, tous azimuts.
Cette pollution n’est pas seulement celle de l’air ni celle de l’eau : c’est, également, celle de l’alimentation, et des objets manufacturés dont nous nous entourons.
L’exposition aux perturbateurs endocriniens, omniprésents dans la nourriture industrielle, les emballages, les médicaments, les pesticides, les cosmétiques (la liste est trop longue) est aujourd’hui considérée comme la cause de la baisse de quantité ET de qualité du sperme, et augmente l’incidence d’anomalies génitales.
Or ces perturbateurs endocriniens n’affectent pas que la fertilité : ils peuvent dérégler tous les mécanismes hormonaux du corps humain, autrement dit… toute la santé.
Notre immunité, notre métabolisme, la croissance de nos enfants, nos comportements sociaux sont affectés par ces dérèglements hormonaux[6].
Vous comprenez maintenant pourquoi je vous écrivais au début de cette lettre que le phénomène épidémique de chute de la fertilité nous concerne tous : l’impact des perturbateurs endocriniens sur la reproduction n’est que le phénomène le plus spectaculaire d’un problème plus général qui compromet le fonctionnement normal de notre cerveau, de notre système digestif, notre sommeil, etc.
Enfin, la dernière raison de cette baisse de la fertilité est comportementale.
Là encore, il s’agit du reflet exact de « l’évolution » de notre société, car ces facteurs qui troublent la fertilité sont la sédentarité, l’obésité, le stress, la consommation de drogue ou encore le tabagisme…
… Autrement dit, les mêmes facteurs qui accroissent le risque de développer une maladie de civilisation : hypertension, diabète, cancer, Alzheimer.
C’est pourquoi je considère que cette infertilité grandissante est à considérer comme une maladie de civilisation en soi. Ses facteurs de risque sont les mêmes.
Et si sa conséquence finale n’est pas la mort à proprement parler… c’est l’absence de vie.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] Bettayeb K (22.11.2017). Baisse de la fertilité masculine : un premier seuil est atteint. Science & Vie. https://www.science-et-vie.com/article-magazine/baisse-de-la-fertilite-masculine-un-premier-seuil-est-atteint
[2] Fautrat J (15.11.2022). 8 milliards d’humains sur Terre : quels pays se peuplent ou se dépeuplent ? RTL.fr. https://www.rtl.fr/actu/international/8-milliards-d-humains-sur-terre-quels-pays-se-peuplent-ou-se-depeuplent-7900206215
[3] INED (Institut National d’Études démographiques) (2022). Géraldine Duthé et Valérie Golaz, tout savoir sur la population. https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/paroles-chercheurs/geraldine-duthe-et-valerie-golaz/
[4] De La Rochebrochard E (2018). 1 enfant sur 30 conçu par assistance médicale à la procréation en France. Population et Sociétés, n° 556. https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/1-enfant-sur-30-concu-par-assistance-medicale-a-la-procreation-en-france/#tabs-2
[5] Frasque H (06.03.2022). Santé. 3,3 millions de personnes sont touchées par l’infertilité en France, un rapport alerte. Ouest France. https://www.ouest-france.fr/sante/sante-3-3-millions-de-personnes-sont-touchees-par-l-infertilite-en-france-un-rapport-alerte-2d9f53ee-9d38-11ec-ba4a-916679fca3ae#:~:text=L’homme%2C%20dans%20les%20pays,aura%20des%20probl%C3%A8mes%20d’infertilit%C3%A9.
[6] Confédération suisse (11.11.2022). Perturbateurs endocriniens. https://www.seco.admin.ch/seco/fr/home/Arbeit/Arbeitsbedingungen/Chemikalien-und-Arbeit/Projekte-und-Dokumente/endokrine_disruptoren.html
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bjr Rodolphe
dans mes cours de bio et de zootechnie il y a presque 50 ans , la température testiculaire inférieure de 2°c au reste du corps était pointée chez les mammifères comme un facteur important de la spermatogénèse .je ne veux pas amoindrir le rôle des radiations ou des perturbateurs endocriniens dans ce phénomène de baisse de la concentration en spermatozoïdes mais je pose juste la question du mode de vie et du confort dans lequel nous nous complaisons : les boxers plus que les caleçons , le chauffage des habitations ou la position assise prolongée, au travail , peuvent-ils être facteurs de diminution de la fertilité
masculine ? portez vous bien !
Merci beaucoup pour cet article très interessant. Mais une préoccupation: Une fois dans cette situation de baisse des spermatozoides, que faire pour arriver à les augmenter et etre fertile? Surtout si on veut avoir d’enfants de manière naturele?
Article intéressant, mais encore une fois pas un mot sur la pollution majeure qui a augmenté de manière exponentielle ces 40 dernières années : les champs électromagnétiques artificiels, plus précisément les micro-ondes pulsées émises par les objets et infrastructures de communications sans fils : téléphones mobiles, téléphones sans fils (DECT), wifi, buletooth, internet des objets (IoT), radars en tous genres, satellites, la liste est longue. Le fait que cela ne soit jamais mentionné me fait douter de la réelle indépendance de l’auteur de l’article. A croire que seuls les polluants chimiques ont le droit d’être cités et que les autres sont tabous. C’est ce que dénonce Olle Johansson, chercheur retraité du Karolinska Institut de Stockholm, l’un des plus grands spécialistes des effets biologiques des champs électromagnétiques artificiels, dans cet article : https://newsvoice.se/2021/03/olle-johansson-fuck-your-telephone/
Un autre effet que j’ai pu constater par moi-même : en 2014, j’ai été diagnostiqué d’une dysbiose intestinale : un excès de levure Candida albicans. Tout ce que j’ai essayé pour la faire régresser, principalement au niveau de mon régime alimentaire, a été sans effet : chaque nouvel examen donnait le même résultat. Mais, à partir de la mi-2015, j’ai été forcé de réduire considérablement l’utilisation de mon téléphone mobile et j’ai surtout cessé de le transporter allumé sur moi, dans une poche de mon pantalon. A partir de ce moment, le Candida albicans a régressé de lui-même et mes soucis intestinaux se sont arrêtés. J’ai appris par la suite, à la lecture d’articles scientifiques, que cette levure réagissait à l’exposition aux radiations en se multipliant. Depuis, j’ai totalement arrêté d’utiliser toute technologie sans fils, dont le téléphone mobile. Petit détail, je travaille dans le secteur des technologies de l’information depuis plus de 30 ans, ce n’est donc pas de la technophobie. J’espère que vos analyses seront plus complètes à l’avenir et n’oublieront pas de mentionner la toxicité de ces radiations.
Il y a un autre facteur qui n’est pas pris en compte : j’ai assisté à l’arrivée du change complet et des médecins avaient prévus à l’époque (années 70) que ce dispositif augmentant la température de l’appareil génitale des petits garçons il s’en suivrait une baisse de la fertilité
A-t-on une idée de l’évolution de la fréquence d’éjaculation des hommes ? N’a-t-elle vraiment aucune influence sur leur fertilité ?