Chers amis,

Le rire est un médicament aux propriétés spectaculaires. C’est vraiment dommage qu’on ne puisse pas poser de brevet dessus !

J’ai épluché une méta-analyse de centaines d’études effectuées par le Dr Ramon Mora-Ripoll et publiée en 2010 sous le titre « La valeur thérapeutique du rire en médecine », que vous pouvez consulter en anglais dans les sources de cette lettre[1].

Jugez du résultat :

  • rire a un effet antidouleur mesuré scientifiquement ;
  • rire fait baisser la pression artérielle ;
  • les personnes qui rient souvent souffrent moins de maladies cardiaques ;
  • le visionnage d’un film comique réduit sensiblement le taux de cortisol (l’hormone du stress) et augmente celui des endorphines (l’hormone du bien-être) ;
  • le rire stimule l’activité des cellules NK du système immunitaire ;
  • chez les personnes atteintes d’arthrose, le rire va jusqu’à faire baisser l’inflammation ;
  • chez les patients atteints de diabète de type 2, rire fait baisser les niveaux de sucre sanguin ; plus généralement il prévient les complications du diabète ;
  • le rire inhiberait même les réactions allergiques !

Rire plus pour mourir moins

Un chercheur suédois, le Pr Sven Svebak, travaille depuis plusieurs décennies sur le rôle de l’humour dans la protection contre la mortalité, toutes causes confondues.

Ses découvertes lui ont permis d’établir qu’être doté du sens de l’humour :

  • améliorait la survie des personnes retraitées[2] ;
  • améliorait la survie des patients atteints de maladies cardio-vasculaires et de maladies infectieuses[3] ;
  • rallongeait l’espérance de vie des patients atteints d’insuffisance rénale sévère[4].

Si vous en doutiez… l’intérêt médical de rire est scientifiquement prouvé !

Ma prescription – que vous soyez malade ou non – est donc très simple : riez, riez, riez. Vous soulagerez vos douleurs et stimulerez votre système immunitaire si vous êtes malade. Vous renforcerez tout simplement votre santé.

Mais comment rire, comme ça, « sous prescription » ?

Conseils personnels pour une cure de rire

À titre personnel je trouve que notre société devient de plus en plus sinistre. Et que le sens de l’humour est une valeur qui se perd.

La caricature par exemple semble appartenir au passé. Depuis que les rédactions de journaux satiriques sont la cible de procès et de terroristes, même le prestigieux quotidien The New York Times a décidé (c’était il y a quelques mois) de bannir le dessin humoristique de ses pages[5].

Comme si le « pas politiquement correct » était devenu suspect…

Je vous l’accorde, nous ne sommes pas tous sensibles au même humour.

Pour ma part il y a quelques œuvres drôles qui font toujours mouche chez moi. J’y ai recours lorsque j’ai un coup de blues ou une grosse fatigue.

Lectures : Woody Allen et Goscinny

Vous connaissez peut-être le réalisateur américain Woody Allen. Avant de faire des films il écrivait des livres que je trouve très drôles. Il suffit de deux ou trois pages pour que je retrouve le sourire. Je pense notamment à Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture Dieu, Shakespeare et moi et Destins tordus qui me faisaient éclater de rire lorsque je les lisais dans les transports en commun, tout jeune étudiant.

C’est un humour qui manie l’absurde, la psychanalyse et la politique, ainsi que ce fameux humour juif new-yorkais, l’un des plus mordants au monde.

René Goscinny est lui aussi un génie absolu à mes yeux. Sa série de courts textes du Petit Nicolas, illustrés par Jean-Jacques Sempé, a un humour plus tendre, plus nostalgique, mais dévastateur :

« – Chez nous, pour le réveillon, je lui ai dit, il y aura mémé, ma tante Dorothée, et tonton Eugène.

– Chez nous, m’a dit Alceste, il y aura du boudin blanc, et de la dinde. »

N’est-ce pas drôle et charmant ?

Des bandes dessinées aussi

Impossible d’évoquer René Goscinny sans parler de ses bandes dessinées : Astérix (avec Uderzo) qu’on ne présente plus, Iznogoud (avec Tabary), le fameux calife voulant devenir calife à la place du calife, Lucky Luke (avec Morris) détournent chacune un univers historique bien marqué, en y injectant le contexte de la France des années 1960 et 1970.

Ce qui m’a toujours frappé avec les bandes dessinées de Goscinny, c’est qu’elles font rire autant les petits que les grands.

L’autre grand génie de la BD franco-belge c’est pour moi Franquin.

Contrairement à Goscinny, Franquin dessinait ses propres gags et il y a un sens du comique dans ses dessins qui n’a selon mon opinion jamais été égalé. Je trouve que la série des Gaston Lagaffe est un chef-d’œuvre, je ne peux pas ouvrir un album sans me mettre à rire aux éclats !

Il y a un autre classique que je ne referme jamais sans rire de bon cœur plusieurs fois : il s’agit de Calvin & Hobbes, qui raconte les bêtises d’un petit garçon et de son tigre en peluche. La connaissez-vous ?

Le cinéma bien sûr

J’ai aussi un côté très « comédie populaire française ».

Beaucoup de films avec Louis de Funès me dérident immédiatement : Rabbi JacobLe CorniaudLa Grande Vadrouille (« But alors, you are french ? »), la série des Fantômas et – le sommet du genre selon moi : Oscar.

Les comédies Le Magnifique, dans lequel Jean-Paul Belmondo écrivain s’imagine dans le rôle du super espion qu’il a créé, ou Le Grand blond avec une chaussure noire, où le violoniste Pierre Richard met sens dessus dessous les réseaux d’espionnage français, font mes délices.

Et puis, il y a le savoir-faire de la comédie américaine, également.

Je suis un grand fan des classiques Arsenic et vieilles dentelles dans lequel Cary Grant se rend compte que ses deux vieilles tantes, des dames bien sous tous rapports, sont des empoisonneuses en série ; les comédies de Billy Wilder Certains l’aiment chaud avec Tony Curtis et Marilyn Monroe, La Garçonnière Embrasse-moi, idiot, qui tournent en dérision les mœurs puritaines des Américains.

Cependant le grand maître à mes yeux reste le réalisateur Blake Edwards. Son film The Party, dans lequel un acteur hindou (Peter Sellers) est invité par erreur dans une soirée chic à Hollywood, m’a de nombreuses fois laissé le souffle court de rire. Et la série des films La Panthère rose, toujours avec Peter Sellers, m’a valu quelques fous rires aussi.

Je me rappelle qu’un jour, le visionnage d’un de ces films a fait tomber la fièvre que j’avais lors d’une angine carabinée !

Et vous, qu’est-ce qui vous fait rire ?

Cette liste est très subjective, bien sûr.

Mais surtout, elle ne dit pas l’essentiel : la meilleure façon de rire à mes yeux, c’est de rire ensemble. Rire au cours d’un bon repas avec des amis, rire en faisant une balade en montagne, rire aux blagues naïves et parfois cinglantes de nos enfants…

Et vous, quand vous avez besoin de rire, que faites-vous ? Lisez-vous ? Regardez-vous quelque chose ? Avez-vous, vous aussi, déjà eu le sentiment de vous être « guéri » par le rire ? Dans quelles situations ?

Vous pouvez m’envoyer vos témoignages en commentant cette lettre ; j’attends vos recommandations !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] MORA-RIPOLL Ramon, « The therapeutic value of laughter in medicine », Alternatives Therapies in Health and Medicine, 2010, disponible sur ce lien : https://www.semanticscholar.org/paper/The-therapeutic-value-of-laughter-in-medicine.-Mora-Ripoll/92306fe8ec12b51e5dd527886e22a654d618667c

[2] Svebak S., Romundstad S., & Holmen J., « A 7-Year Prospective Study of Sense of Humor and Mortality in an Adult County Population: The Hunt-2 Study », The International Journal of Psychiatry in Medicine, 40(2), 125–146, 2010, doi:10.2190/pm.40.2.a, disponible sur ce lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20848871

[3] ROMUNDSTAD S., SVEBAK S., « A 15-Year Follow-up study of sense of humor and causes of mortality : The North-Trondelag Health Study », Psychosomatic Medicine, avril 2016, disponible sur ce lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26569539

[4]  SVEBAK S., KRISTOFFERSEN B., « Sense of humor and survival among a county cohort of patients with end-age renal failure : a two-year prospective study », The International Journal of Psychiatry in Medicine, 2006, disponible sur ce lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17236695

[5]CHAPPATTE P., « Etats-Unis. La fin du dessin de presse au New York Times, symbole d’une liberté attaquée », publié le 11 juin 2019 sur courrierinternational.com, consulté le 25 février 2020 et disponible sur ce lien : https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-la-fin-du-dessin-de-presse-au-new-york-times-symbole-dune-liberte-attaquee