Chers amis,

L’an passé, pour la période des fêtes, je vous avais adressé une série de messages consacrés aux 7 péchés capitaux (série que vous pouvez intégralement retrouver sur mon site internet).

Pour cette année, j’ai décidé de reconduire l’expérience de la série, qui vous avait plu, sur une nouvelle thématique : l’amour, et plus précisément les hormones de l’amour.

Et figurez-vous que je consacrerai également 7 lettres à ce sujet incroyablement riche.

L’amour est un aspect essentiel de l’existence en général, et de la santé en particulier.

Alors, je sais bien que nous sommes le 24 décembre et non le 14 février, mais la Saint-Valentin n’a pas le monopole de l’amour, et cette veille de Noël me paraît tout à fait propice pour parler avec vous de cette expérience universelle.

Loin de moi l’idée d’aborder la question sous un angle froidement médical et biochimique ; l’aborder sous l’angle hormonal, cependant, permet de mieux saisir les nuances de ses différentes facettes, y compris d’ordre spirituel.

Si je vous dis « hormone de l’amour », vous me répondrez très certainement : « ocytocine » !

C’est en effet ainsi qu’on la désigne dans le langage courant.

J’en parlerai évidemment.

Mais pas tout de suite car, d’une part, l’ocytocine ne se réduit pas à son rôle dans l’amour – j’en parlerai aussi – et, d’autre part elle est loin, très loin, d’être la seule à entrer en jeu !

Tout comme il n’y a pas qu’un seul type d’amour, ni une seule phase dans une relation amoureuse, le corps et l’esprit disposent d’une très vaste palette de neurotransmetteurs et messagers chimiques moléculaires pour s’adapter (et provoquer) à vos émois.

Car, bien que l’organe le plus souvent mis en avant dans les « affaires de cœur » soit… le cœur, c’est bel et bien votre cerveau qui orchestre vos transports amoureux, vos emballements, vos élans, vos doutes.

C’est votre cerveau qui produit et libère des hormones lorsque vous éprouvez du désir pour quelqu’un, de l’affection, ou tout simplement de l’attachement.

Et, non seulement selon la « phase » de votre relation amoureuse, mais également selon le « sujet » de votre amour, ces hormones ne seront pas les mêmes.

Autrement dit, les hormones que votre cerveau libère lorsque vous voyez chaque matin votre époux ou votre épouse ne sont pas du tout les mêmes que celles qui vous submergeaient durant les premiers jours ou les premières semaines de votre relation… il y a vingt, trente ans ou davantage encore.

De même, les hormones que votre cerveau libère lorsque vous prenez dans vos bras votre petit-fils ou votre petite-fille ne sont évidemment pas les même que celles qu’il produit lorsque vous étreignez votre amant ou votre amante.

Logique, me direz-vous.

Mais cette logique est à la fois extrêmement bien rodée, et extrêmement fragile.

Extrêmement bien rodée, car elle est le fruit de centaines de milliers d’années d’évolution : elle est programmée pour nous permettre, à l’échelle de l’espèce humaine, de nous reproduire et même de survivre.

Extrêmement fragile car, à l’échelle individuelle, nous ne la maîtrisons pas toujours, loin de là. C’est parfois elle qui nous maîtrise !

Et ce, souvent, de manière parfaitement inconsciente.

Les hormones sont des messagères. Elles circulent, transmettent des ordres, ajustent votre rythme, votre énergie, votre humeur.

Elles font partie du système endocrinien, dont les différents éléments sont interconnectés par des structures cérébrales dont vous connaissez au moins les noms : l’hypothalamus, l’hypophyse, la glande pinéale, l’hippocampe, les glandes surrénales, etc.

Elles interviennent à tout moment de votre existence.

Le matin, la sécrétion de cortisol par vos glandes surrénales vous incite à vous lever et à commencer votre journée.

Le soir, la mélatonine produite par votre glande pinéale rend vos paupières lourdes et vous indique qu’il est temps de dormir (et si vous êtes comme moi, ce moment intervient très tôt en cette saison !).

Si vous traversez la rue et que vous vous rendez compte qu’une voiture ne vous a pas vu et fonce droit sur vous, c’est encore une hormone, l’adrénaline, produite également par les glandes surrénales mais cette fois sous l’impulsion de votre système nerveux sympathique, qui vous donne la ressource nécessaire de l’éviter à temps.

Quand l’amour s’invite, cet ensemble d’éléments de votre système endocrinien et de vos différentes hormones compose une sorte de partition intérieure qui influence ce que vous ressentez, ou en tout cas la manière dont vous le vivez et le ressentez.

Dès qu’une émotion forte apparaît, votre cerveau réagit. Il active des zones différentes selon que vous tombez amoureux, que vous désirez, que vous vous attachez à une personne ou que vous souffrez d’un manque.

Chacune de ces étapes est marquée par une combinaison hormonale spécifique, comme un code qui change selon l’expérience vécue.

C’est ce qui rend l’amour si multifacette.

Il peut donner de l’élan, de l’audace, du courage. Il peut aussi apaiser ou au contraire bouleverser.

« L’amour peut être défini comme une propriété émergente d’un cocktail ancestral de neuropeptides et de neurotransmetteurs. Il apparaît que le désir, l’attachement et l’attirance sont des processus cérébraux distincts mais intimement liés, chacun étant médié par ses propres neurotransmetteurs et circuits. Ces circuits s’alimentent et se renforcent mutuellement », écrivent les neuroendocrinologues[1].

C’est le résultat d’une modulation permanente, ou d’un dialogue continu entre dopamine, noradrénaline, ocytocine, vasopressine, sérotonine, cortisol, endorphines et, selon que vous êtes un homme ou une femme, testostérone et œstrogènes.

Je vous propose donc de me suivre, au cours de mes prochaines lettres, sur ce chemin des hormones de l’amour.

Ce chemin sera, par convention (ou facilité), celui d’une histoire d’amour classique : la rencontre, le rapprochement intime, l’engagement… la construction d’une relation de couple… d’une famille… mais aussi la rupture, la séparation.

Je vous souhaite pour ce soir un beau réveillon de Noël !

Rodolphe Bacquet


[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27366726/ – Krishna G Seshadri, « The neuroendocrinology of love », in Indian Journal of Endocrinology and Metabolism, juillet-août 2016