Chers amis,

Connaissez-vous Kirikou, ce héros du dessin animé de Michel Ocelot qui se déroule en Afrique noire ?

Minuscule bébé sortant tout seul du ventre de sa mère en sachant déjà parler et marcher, il parvient à sauver son village et les villageois des dangers qui les menacent, là où les courageux guerriers ont échoué.

Son agilité et sa petite taille jouent précisément pour lui.

La sympathique chanson du film entonne, pour refrain :

Kirikou n’est pas grand, mais il est vaillant,

Kirikou est petit, mais c’est mon ami.

Eh bien les oligo-éléments jouent, dans votre organisme, le rôle de Kirikou.

Ils sont minuscules, présents en quantité infime, et pourtant sans eux tout irait de travers.

Et deux d’entre eux – le cuivre et le zinc – jouent un rôle aussi essentiel que souvent ignoré dans le maintien de votre santé, votre immunité, et votre longévité.

En ce début d’automne il me paraît important de rappeler leur rôle.

Mais d’abord : un petit détour par la Chine.

Dans les ongles et les cheveux des centenaires des « zones bleues » chinoises

Il y a exactement une semaine, je me faisais l’écho des résultats de l’étude « PestiRiv », qui révèle toutes les cochonneries chimiques que l’on trouve dans les cheveux et les urines des Français vivant à proximité de zones d’épandage viticole[1].

Je vous emmène à présent en Chine, pays bien connu pour sa pollution environnementale démentielle.

Certaines régions reculées de la Chine sont cependant épargnées par ce désastre écologique, et on y respire un air encore pur.

C’est le cas de la vallée de Bama et du comté de Xiayi, où l’on croise de nombreux centenaires en bonne santé.

Ce sont en quelque sorte les « zones bleues » chinoises.

Ces zones ont fait l’objet de plusieurs études scientifiques. Si le mode de vie joue un rôle important dans leur longévité, les habitants de ces régions profitent en outre d’une eau de qualité et d’un sol riche en oligo-éléments.

Savez-vous ce que retrouvent systématiquement les chercheurs dans les cheveux et les ongles de ces personnes âgées ?

Des niveaux élevés de zinc et de cuivre[2][3].

Ça n’est pas un hasard. Ces oligo-éléments orchestrent silencieusement bien des mécanismes de notre vie.

Zinc : le chef d’orchestre génétique

Le zinc est le second oligo-élément le plus abondant dans notre organisme (juste après le fer).

Il se niche surtout là où tout commence : au cœur des cellules, dans le noyau, auprès de votre ADN.

Il participe à l’activation de plus de 300 enzymes différentes, régule l’immunité, soutient la croissance, la reproduction, la réparation cellulaire…

Et il a ce pouvoir assez rare : ralentir le vieillissement, en limitant les dégâts causés par les radicaux libres.

Vous comprenez pourquoi on le retrouve en abondance chez les centenaires de nos deux « zones bleues » chinoises.

Cuivre : l’ami de votre cœur

Le cuivre est tout aussi indispensable.

Il permet par exemple à une enzyme clé, la lysyl oxidase, d’assurer l’élasticité de vos vaisseaux sanguins.

Un cuivre bien dosé, c’est un cœur qui bat plus longtemps et plus fort.

Le cuivre soutient aussi la pigmentation de la peau, la production d’énergie, et participe à la formation du collagène – ce qui, au passage, contribue à préserver la jeunesse de votre peau.

Zinc et cuivre se retrouvent aussi dans les défenses antioxydantes naturelles de votre corps, notamment dans une enzyme capitale : la superoxyde dismutase (SOD), véritable bouclier intracellulaire.

Question d’équilibre

Pour que le cuivre et le zinc puissent remplir leur rôle (vital), leur quantité doit toutefois rester infime : un peu trop, et c’est l’intoxication, avec atteintes digestives, hépatiques, sanguines ou neurologiques !

À l’inverse si vous n’en avez pas assez : bonjour les carences et les dysfonctionnements !

Pour ne pas arranger les choses, trop de zinc empêche le cuivre d’agir, et inversement.

Ces deux éléments marchent main dans la main… mais se tirent dans les pattes en cas de déséquilibre !

Tout est une question d’équilibre.

Voilà pourquoi une supplémentation anarchique peut faire plus de mal que de bien.

Or, que constate-t-on aujourd’hui ?

  • Une carence chronique en zinc chez une large partie de la population occidentale, particulièrement chez les personnes âgées, les végétariens stricts, les personnes souffrant de troubles digestifs ou les diabétiques[4].
  • Et une carence en cuivre fréquente chez ceux qui prennent des compléments en zinc depuis longtemps sans y associer le cuivre[5][6] !

La faute, en partie, à des sols agricoles appauvris, à une industrialisation croissante de l’alimentation… et à la mode des compléments pris à l’aveugle.

Un rôle clé dans votre immunité

Mais s’il y a un domaine où le zinc et le cuivre agissent de concert, c’est bien celui de l’immunité.

Le zinc est un chef d’orchestre de la réponse immunitaire : il stimule la production des globules blancs, freine la réplication virale et limite les inflammations excessives.

On a même observé que les déficits en zinc augmentent la gravité des infections respiratoires, notamment chez les personnes âgées.

Il fait partie des ingrédients indispensables pour prévenir ou traiter les infections hivernales[7].

Le cuivre, quant à lui, sert de cofacteur à des enzymes antioxydantes et énergétiques qui soutiennent l’activité des cellules immunitaires.

Il participe à la production et au bon fonctionnement des lymphocytes et des neutrophiles.

Les macrophages utilisent le cuivre comme arme directe contre les bactéries : il agit comme un agent antimicrobien naturel, efficace contre bactéries, champignons et certains virus.

Un déficit en cuivre ou en zinc fragilise donc vos défenses naturelles, souvent mises à rude épreuve l’hiver, en période de stress, ou après une maladie.

Et ce n’est pas un hasard si l’on retrouve dans certaines cures hivernales ou post-infectieuses l’association Cuivre – Or – Argent, très utilisée en oligothérapie pour relancer l’immunité.

Restaurez votre équilibre

Dans les traditions médicales ancestrales – qu’il s’agisse de la médecine ayurvédique, chinoise ou même hippocratique – on ne soignait pas un symptôme.

On cherchait à restaurer l’équilibre du corps.

C’est ce que font ensemble le zinc et le cuivre.

Pour rester en bonne santé, notre organisme a besoin de petites doses quotidiennes de zinc : environ 8 mg pour les femmes, 11 mg pour les hommes.

Les meilleures sources se trouvent dans le monde animal : huîtres, foie, viandes et fromages en sont particulièrement riches.

Du côté végétal, les shiitakés, les germes de blé, les graines de courge, les légumineuses et les céréales complètes en contiennent également… mais avec un petit bémol : certains composés appelés anti-nutriments (comme les phytates) peuvent en freiner l’absorption.

C’est pourquoi végétariens et végétaliens sont souvent carencés en zinc.

Si l’alimentation ne suffit donc pas, une complémentation peut être envisagée – à condition de ne pas dépasser les 40 mg par jour. Car trop de zinc tue le cuivre ! Il suffit de 60 mg par jour pendant 10 semaines pour provoquer une carence en cuivre.

Voilà pourquoi les bons compléments associent toujours les deux : zinc et cuivre, dans des proportions équilibrées (souvent autour de 15 mg de zinc pour 1,5 à 2 mg de cuivre).

Le cuivre, lui, se trouve dans les abats, les fruits de mer, les oléagineux, les légumineuses et les céréales complètes. L’apport recommandé est d’environ 2 mg par jour.

Certaines eaux minérales apportent aussi ces deux oligo-éléments, de manière naturelle et bien assimilable.

Avec tout cela, vous avez de quoi cultiver votre « Kirikou » intérieur !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://alternatif-bien-etre.com/maladies/vous-avez-plus-de-risques-davoir-des-fongicides-dans-les-cheveux-si/ – Rodolphe Bacquet, « Vous avez plus de risques d’avoir des fongicides dans les cheveux si… », site d’Alternatif Bien-Être, 17 septembre 2025

[2] Li Yet al. « Trace element concentrations in hair of healthy Chinese centenarians », in Sci Total Environ. 15 mars 2011; 409(8):1385-90.

[3] Li Y et al. « Trace elements in fingernails of healthy Chinese centenarians », in Biol Trace Elem Res. 2012;145:158–165.

[4] http://interbev.fr/fiche/effets-dietetiques-et-physiologiques-du-zinc-sur-le-systeme-immunitaire-article-de-synthese – Inga Wessels, « Henrike Josephine Fischer & Lother Rink, Dietary and Physiological Effects of Zinc on the Immune System », in Annual Review of Nutrition, 13 juillet 2021

[5] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11608200 – Tomoka Watanabe, Satomi Yonemoto, et al., « Cooper Deficency Anemia Due to Zinc Supplementation in a Chronic Hemodialysis Patient », in Case Rep, 23 mars 2024

[6] https://www.nature.com/articles/s41598-022-18872-8 – Ditte Emilie Munk, Tea Lund Laursen et al., « Effect of Oral Zinc Regimens on Human Hepatic Copper Content: a Randomized Intervention Study », in Scientific Reports, 29 août 2022

[7] G. Michael Allan et al. « Prevention and treatment of the common cold: making sense of the evidence », in CMAJ, 18 février 2014; 186(3): 190–199