Chers amis,

Il y a tout juste une semaine, les médias du monde entier bruissaient de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Les uns étaient (et sont toujours) enthousiastes, les autres désespérés.

Le jour même, mon fils de 13 ans me racontait qu’au collège tous ses camarades en parlaient, avec les mêmes sentiments très partagés.

« Et toi, Papa, t’étais pour qui ? » me demanda-t-il.

« Ni pour l’un, ni pour l’autre : les États-Unis, ce n’est pas mon pays, et j’ai, par définition, suivi cette campagne électorale de loin », lui répondis-je. D’autant plus que les médias européens avaient un regard pour le moins biaisé.

Si je vous en parle aujourd’hui c’est que le résultat de cette élection a des chances de rebattre les cartes au niveau santé, y compris pour nous.

Un scénario hollywoodien

Le « film » de cette élection, plus que toute autre, a semblé au fil des mois sortir des cerveaux fertiles de scénaristes hollywoodien.

Il y eut, d’abord, la tentative d’assassinat sur Donald Trump… dont le réalisateur Oliver Stone (à qui l’on doit les films sur le procès de l’assassinat de JFK ou Nixon) vient justement d’annoncer qu’il ferait peut-être son prochain film[1].

Puis le retrait de Joe Biden au profit de Kamala Harris.

Le dernier rebondissement d’importance – d’autant plus maintenant – est le ralliement de Robert F. Kennedy Jr. à Donald Trump le 23 août dernier[2].

Hors des cercles informés sur la santé, ce ralliement est passé inaperçu en France.

Or, il a peut-être fait pencher la balance au profit du candidat républicain : candidat sans étiquette, le neveu de JFK était crédité de 5 % d’intentions de vote[3].

RFK Jr. a d’abord proposé son ralliement à la candidate du parti démocrate (dont son oncle et son père, tous deux assassinés, furent des figures marquantes), Kamala Harris.

Comme le révélait le Washington Post mi-août, Harris a refusé l’offre du candidat indépendant[4]

Kennedy Jr. s’est alors tourné vers le candidat républicain, et officialisait son ralliement une semaine plus tard.

On pourrait interpréter cet épisode comme l’expression d’un manque de conviction de la part de Kennedy Jr., prêt à rallier le premier à lui dire oui.

C’est tout le contraire.

Robert F. Kennedy Jr. a des convictions chevillées au corps et c’est précisément pour donner une chance à ses idées d’exister et d’être appliquées à l’échelle fédérale – voire internationale – qu’il a, ainsi, « monnayé » son ralliement.

Ces idées ne font pas plaisir à tout le monde outre-Atlantique car, pour résumer, elles dénoncent et combattent les dégâts sur la santé occasionnés par les industries agro-alimentaires et pharmaceutiques.

Le cauchemar de Monsanto

Robert F. Kennedy Jr. est, je l’évoquais plus haut, le neveu de John Fitzgerald Kennedy, le président américain assassiné en 1963 ; et le fils de Robert F. Kennedy, assassiné en pleine campagne électorale en 1968.

Autant dire qu’il sait ce qu’il en coûte de « gêner » les intérêts de certains puissants intérêts privés aux États-Unis.

Pourtant, il ne s’est pas gêné pour le faire.

Avocat spécialisé dans le droit de l’environnement pendant plus de trente ans, l’une de ses plus grandes victoires est la condamnation prononcée à l’encontre de Monsanto, le géant américain des OGM, en 2018[5].

Parmi ses autres combats, on peut citer le fait qu’il est l’un des membres fondateurs de l’association Riverkeeper, dédiée à la protection de l’Hudson River. Il a rejoint l’organisation en 1984 et a joué un rôle clé dans ses actions[6], grâce auxquelles cette rivière, autrefois très polluée, a pu être partiellement restaurée.

Depuis, la sensibilisation à la nécessité de protéger les cours d’eau s’est étendue à d’autres régions, notamment grâce au rôle de Kennedy en tant que président de la Waterkeeper Alliance, une organisation internationale dédiée à la protection des cours d’eau, poste qu’il a occupé pendant plus de 20 ans avant de démissionner en 2020[7].

2020 fut une année charnière pour RFK Jr. car, d’avocat spécialiste en droit de l’environnement reconnu qu’il était, il est du jour au lendemain devenu un paria parce qu’il dénonçait les excès des politiques anti-Covid.

Grands médias : de « apôtre de l’écologie environnementale » à « antivax infréquentable »

Dès 2020 RFK Jr. a en effet pris des positions très fermes contre les politiques mondiales anti-pandémie, déclarant notamment :

« Les gouvernements aiment les pandémies, et ils aiment les pandémies pour les mêmes raisons qu’ils aiment la guerre. Parce qu’elle leur donne la possibilité d’imposer à la population des contrôles que celle-ci n’accepterait jamais autrement »

Le service checknews du journal Libération, organe de propagande officiel de la bien-pensance en France, lui fit ses honneurs en lui décernant le titre de « star mondiale du mouvement anti-vaccin »[8]

Féroce critique des injections anti-Covid, dont il dénonce le manque d’efficacité et les dangers, RFK Jr. alertait déjà quant à la sécurité de certains vaccins et aux effets des adjuvants, notamment par l’intermédiaire de l’association Children’s Health Defense[9].

À partir de là, Kennedy a commencé à sentir le soufre au sein du « clan Kennedy »[10].

Pourtant, pour le reste, son action consiste « seulement » à critiquer l’influence des grandes entreprises pharmaceutiques sur les agences de santé publique et à affirmer que les intérêts financiers compromettent parfois les recommandations sanitaires.

Aussi milite-t-il pour plus de transparence et de régulation dans le secteur de la santé.

Et c’est, semble-t-il, déjà trop aux yeux de certains, qui se sont empressés de lui coller les étiquettes d’antivax et de complotiste.

Alors que ses prises de position contre l’industrie pharmaceutique ont poussé beaucoup à dire qu’il gâchait sa brillante carrière, l’élection de Donald Trump pourrait, bien au contraire, être pour lui le moment d’appliquer ses idées à une échelle inédite.

« Make America Healthy Again »

Son premier coup de force, à mes yeux, est d’avoir réussi à détourner le slogan original de Donald Trump, « Make America Great Again » – rendre sa grandeur à l’Amérique – en « Make Amercia Healthy Again » – rendre sa santé à l’Amérique[11].

A tel point que le candidat puis président nouvellement élu Donald Trump a fait sien ce slogan.

Ainsi, RFK Jr. est appelé à jouer, dans la nouvelle administration Trump, un rôle prééminent.

Nous ne savons pas encore si ce sera formellement en tant que ministre de la Santé ou en tant qu’« éminence grise » sur ces questions auprès de D. Trump.

Concrètement, à quoi peut-on s’attendre ?

Mettre fin à l’épidémie de maladies chroniques

Les mesures probables prisés ou conseillées par RFK Jr. éclatent totalement les divisions partisanes.

Elles font en revanche trembler les industriels aux États-Unis.

Ainsi, deux jours après l’élection de Trump, RFK Jr. publiait sur X (anciennement Twitter) une vidéo attaquant frontalement les produits ultra transformés de l’industrie agro-alimentaire américaine, les rendant expressément responsables de la dégringolade de l’espérance de vie aux USA ; et RFK Jr de conclure qu’il faut « mettre un terme à l’épidémie de maladies chroniques »[12].

Dans cette vidéo il cible particulièrement tous les intrants chimiques, tous les polluants, tous les édulcorants, colorants, etc., issus de la pétrochimie.

C’est une véritable déclaration de guerre à l’industrie de la malbouffe, et ce au cœur du pays qui l’a vue naître !!!

Bref, Kennedy Jr se distingue par un combat « non partisan », à tel point que plusieurs des mesures qu’il entend mettre en œuvre sont les mêmes que celles envisagées par Bernie Sanders (ex-candidat démocrate, considéré comme étant d’extrême gauche aux États-Unis), tel que la baisse du prix de médicaments anti-diabète comme Ozempic[13].

Contre la corruption de masse dans le domaine de la santé

Dans une autre vidéo[14] – une captation d’un meeting – RFK Jr. dresse ce qui serait sa ligne directrice en prenant la tête de la santé aux États-Unis.

Dénonçant une fois encore la montée en flèche des maladies chroniques aux États-Unis, il attribue cette crise de santé aux industries pharmaceutique et alimentaire qu’il accuse de privilégier le profit au détriment de la santé des citoyens.

Selon lui, ces industries participent à un empoisonnement de masse qui entraîne des maladies comme l’obésité, le diabète, et diverses affections chroniques.

Kennedy exprime clairement son intention de s’attaquer à la corruption des agences de régulation et au « paradigme pharmaceutique », en visant une transparence accrue et une réduction de l’influence des grandes entreprises sur les politiques de santé.

Sur la question des vaccins, RFK Jr a d’ores et déjà annoncé qu’il ne comptait pas « retirer » les vaccins existants, mais réformer profondément la façon dont ils sont administrés et régulés.

Cela passera par une volonté annoncée de transparence accrue sur leurs effets indésirables. Ce contrôle pourrait également profiter aux médecines alternatives, qui peinent souvent à obtenir des certifications ou des financements pour la recherche.

Défenseur des médecines naturelles et complémentaires

Kennedy Jr. s’est donc distingué en dénonçant ce qu’il appelle une alliance dangereuse entre les autorités de santé (aux États-Unis, la FDA) et les grandes entreprises pharmaceutiques.

Avec l’appui de l’administration Trump, il pourrait avoir le pouvoir de rediriger les fonds et l’attention du gouvernement vers des méthodes de prévention, des pratiques alternatives et un modèle moins pharmaceutique, donnant une voix nouvelle aux partisans d’une santé plus naturelle : vitamines, alimentation plus saine, compléments alimentaires, soleil, exercice physique… et d’une manière plus globale tout ce qui ne peut être breveté par l’industrie pharmaceutique.

Mais j’ai bien dit un modèle moins pharmaceutique : outre l’abaissement du taux des médicaments anti-diabète dont j’ai parlé plus haut, RFK Jr. est un défenseur de l’ivermectine et de l’hydroxychloroquine, médicaments anti-Covid qui ont fait l’objet de bannissement par… les promoteurs des injections anti-Covid, bien plus juteuses.

Personnellement, j’applaudis à ce programme, qui serait la plus grande « opération mains propres » jamais vue sur le territoire des États-Unis.

Mais j’attends de voir quelle sera la marge de manœuvre réelle de RFK Jr. au sein de l’administration Trump.

Je me demande, d’une part, comment un homme qui a consacré l’essentiel de sa carrière à défendre l’environnement et à lutter contre les entreprises pollueuses pourra travailler avec un président qui a déjà annoncé qu’il lèverait toutes les restrictions de forages de gaz et de pétrole[15].

Et, d’autre part, comment un président qui a fini sa campagne électorale en vendant des frites de chez McDonald’s[16] peut récupérer à son compte la promesse de « rendre sa santé à l’Amérique » en luttant contre les produits ultra-transformés.

Dans tous les cas, ce sera intéressant à observer.

Vous pouvez me laisser votre avis sur ce sujet, ça m’intéresse.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://www.ecranlarge.com/films/news/trump-tentative-assassinat-oliver-stone-film-jfk – Jean-Luc Techer, « La tentative d’assassinat contre Donald Trump pourrait devenir le prochain film d’Oliver Stone », in. Écran Large, 5 novembre 2024

[2] https://information.tv5monde.com/science/sur-la-sante-limprobable-alliance-entre-donald-trump-et-robert-kennedy-jr-2747765 – Lucie Aubourg, « Sur la santé, l’improbable alliance entre Donald Trump et Robert Kenned Jr », in. TV5 Monde, 8 novembre 2024

[3] https://information.tv5monde.com/science/sur-la-sante-limprobable-alliance-entre-donald-trump-et-robert-kennedy-jr-2747765 – Ibid

[4] https://www.washingtonpost.com/politics/2024/08/14/rfk-jr-kamala-harris-cabinet-trump/ – Michael Scherer & Josh Dawsey, « Robert F. Kennedy Jr. tried to meet with Kamala Harris to discuss Cabinet job », in. The New York Times, 15 août 2024

[5] Grégory Philipps et Julien Baldacchino, « Monsanto condamné aux États-Unis pour avoir causé le cancer d’un jardinier », sur France Inter, 11 août 2018

[6] https://www.riverkeeper.org/blogs/honoring-our-foundation-in-science/ – Tracy Brown, « Honoring our foundation in science », Riverkeeper, 28 juin 2024

[7] https://fr.waterkeeper.org/news/robert-f-kennedy-jr-resigns-as-waterkeeper-alliance-president/ – « Robert F. Kennedy Jr. démissionne en tant que Waterkeeper Alliance President » (communiqué de presse), site de Waterkeeper Alliance, 10 novembre 2020

[8] https://www.liberation.fr/checknews/2020/09/02/qui-est-robert-francis-kennedy-jr-star-mondiale-du-mouvement-anti-vaccin_1798286/ – Robin Andraca, « Qui est Robert Francis Kennedy Jr., star mondiale du mouvement anti-vaccin ? », in. Libération, 2 septembre 2020

[9] https://www.nytimes.com/2022/02/26/us/robert-kennedy-covid-vaccine.html – Adam Nagourney, « A Kennedy’s Crusade Against Covid Vaccines Anguishes Family and Friends », in. The New York Times, 1er mars 2022

[10] Ibid.

[11] Cf. N. 2

[12] https://x.com/Trump_Fact_News/status/1854557465930826165

[13] Cf n.2

[14] https://www.youtube.com/watch?v=xAdlTlkPoiY – « RFK Jr at Tucker Carlson, Full Speech », YouTube, 3 novembre 2024

[15] https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/apres-la-victoire-de-trump-l-industrie-petroliere-jubile-1010700.html – Juliette Raynal, « Après la victoire de Trump, l’industrie pétrolière jubile », in. La Tribune, 6 novembre 2024

[16] https://www.lefigaro.fr/elections-americaines/presidentielle-americaine-trump-a-la-friteuse-chez-mcdo-dans-une-operation-visant-harris-20241020 – « Présidentielle américaine : Trump à la friteuse chez McDo dans une opération visant Harris », in. Le Figaro, 20 octobre 2024