Chers amis,

On ne retient parfois de grands romans que des détails a priori absurdes, ou parfaitement secondaires.

Ainsi lorsque j’ai lu Pour qui sonne le glas, j’ai été frappé par le fait que le héros mange, pour toute collation… des oignons crus, entiers !

Bien des années ont passé depuis ma lecture, et mon souvenir du roman s’est bien estompé, sauf ce drôle de régime : ça me paraissait tellement insolite !… Et pas très ragoûtant.

Depuis, j’ai appris que c’était une habitude qu’Ernest Hemingway lui-même avait prise durant la guerre d’Espagne : il se remettait de ses émotions en buvant du whisky et en mangeant des oignons crus[1].

Rassurez-vous, je ne vous recommanderai pas ici le régime whisky/oignon ; mais l’habitude de « Papa Hemingway » de manger des oignons crus n’était pas dépourvue d’intérêts santé.

Concentré de nutriments

Pour commencer, l’oignon est un concentré de nutriments : il est plein de vitamines A, B, C et E, de manganèse, de sodium, de potassium, de fer, d’iode, de soufre.

Parmi ses bienfaits, il réduirait la formation de caillots sanguins, contribuerait à renforcer les os, soulagerait les douleurs menstruelles, ou encore permettrait de garder une tension artérielle dans les clous[2].

Les revues scientifiques lui attribuent des propriétés anticancer, une activité antiagrégants (d’où ses vertus contre les caillots sanguins), antithrombotiques, mais également des effets antiasthmatiques et antibiotiques[3].

Une bonne partie de leurs vertus vient de leur concentration en flavonoïdes, ayant des propriétés antioxydantes : d’abord la quercétine et, dans le cas des oignons rouges, des anthocyanes.

Ma collègue Gaëlle Scrive parlait spécifiquement de ces derniers, et de leurs vertus pour la santé cardiovasculaires, dans une de ses lettres récentes.

Toutes ces propriétés font de l’oignon un allié remarquable pour votre santé ; comme il est facile à trouver et facile à intégrer dans un plat, je ne saurais que trop vous conseiller d’en avoir toujours dans votre cuisine. C’est stratégique !

Mais, pour profiter de tous ces bienfaits faut-il, comme Hemingway, les manger crus ?

Eh bien pas forcément !

Davantage de quercétine dans l’oignon cuit !

L’oignon cru peut être très fort, et tout le monde ne l’apprécie pas. C’est pour cette raison que l’habitude du héros de Pour qui sonne le glas m’avait tellement interloqué.

La bonne nouvelle, c’est que la concentration en quercétine augmenterait grâce à certains modes de cuisson : 7% de quercétine en plus lorsque l’oignon est cuit au four (15 minutes à 176°C), 25% lorsqu’il est sauté pendant 5 minutes dans une poêle huilée[4].

Lorsque l’oignon est bouilli, une partie de la quercétine passe dans l’eau de cuisson ; mais si vous le faites bouillir pour une soupe à l’oignon, ce n’est pas grave, puisque vous consommez cette même eau, enrichie donc en quercétine[5].

L’oignon comme remède

Les vertus de l’oignon étaient connues bien avant que la science ne les confirme : les marins l’emmenaient lors de longs voyages en mer pour prévenir le scorbut et, dans les campagnes, ils étaient à la base de préparations pour lutter contre la toux et les infections hivernales.

La Suissesse Germaine Cousin, qui n’est pas avare de recettes de la sorte, en donne notamment deux : un sirop contre la toux et le rhume à base d’oignon[6], ainsi qu’un thé aux oignons contre la grippe (recette vidéo dans le lien en source)[7].

Au surplus, l’hiver est la saison où il est le plus profitable de consommer des oignons. Je vous recommande de les manger de préférence à midi, car ils peuvent être difficiles à digérer, et donc un peu perturber votre nuit si vous les consommez au dîner.

Si vous avez des recettes et/ou des conseils pour profiter de leurs vertus, n’hésitez pas à les partager avec nous en commentaire !

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] Tristan Savin, « Hemingway, portrait d’un homme tragique », L’Express, 7 février 2011

[2] « 10 bienfaits des oignons sur votre santé », 23 octobre 2018, Sélection.ca

[3] Suleria, Hafiz Ansar Rasul et al. “Onion: nature protection against physiological threats.” Critical reviews in food science and nutrition vol. 55,1 (2015)

[4] Gaëlle Scrive, « La meilleure façon de cuisiner les oignons », Secrets de Nutrition n°31, décembre 2022

[5] Ibid.

[6] Dan Gagnon, « Un sirop contre la toux fait maison », RTBF, 2 juin 2016

[7] “La grippe? Bois du thé aux oignons! », 36.9, Youtube, 15 mai 2017