Chers amis,
Demain, vous ouvrez Le Monde ou Le Figaro, et vous tombez sur la publication de messages Whatsapp échangés entre Emmanuel Macron et Olivier Véran.
Ces messages ne sont ni des potins, ni des mots doux et encore moins des échanges d’idées philosophiques.
Ce sont les « coulisses » des prises de décision qui ont jalonné toute la crise du Covid, du mois de février 2020 où ils s’interrogeaient sur l’utilité des masques, au mois de décembre 2021, lorsqu’ils décident de transformer le pass sanitaire en pass vaccinal.
Ce que vous lisez vous laisse pantois : ces messages non seulement confirment l’impréparation totale du gouvernement à cette crise (mais ça vous le saviez déjà), mais montrent surtout un mépris complet pour les avertissements que plusieurs scientifiques leur ont fait quant aux conséquences de leurs décisions.
Cela ne s’est pas produit en France. Nous ne disposons pas à l’heure actuelle des messages échangés entre Emmanuel Macron, Olivier Véran, et les responsables de la gestion de la crise du Covid.
Mais cela s’est produit au Royaume-Uni, où quelque 100 000 messages notamment échangés entre Boris Johnson, alors Premier ministre, et son ministre de la Santé, Matt Hancock, ont fuité dans la presse.
Le journal presque bicentenaire The Telegraph a eu le courage de les publier, sous le nom « The Lockdown Files »[1] (les « fichiers du confinement »), et… c’est une bombe :
La petite bourde du « Véran britannique »
L’homme en Une du Telegraph, que vous voyez ici, est le ministre de la Santé de l’époque, Matt Hancock.
Ce dernier avait été poussé à la démission en 2021, après la publication de photos le montrant enlaçant sa maîtresse à une période où les accolades étaient interdites (oui, rappelez-vous, nous avons, nous aussi, eu une période aussi cauchemardesque).
Mais cela n’a pas empêché Matt Hancock de sortir, l’an dernier, un livre[2] dans lequel il raconte ses difficiles tribulations durant cette crise sanitaire – très exactement comme l’avait fait Olivier Véran d’ailleurs, je vous en parlais ici[3].
Sauf que Matt Hancock, le « Olivier Véran britannique », pour écrire son livre, s’est aidé d’une journaliste, Isabel Oakeshott, avec laquelle il a partagé tous les messages qu’il avait échangé à l’époque avec Boris Johnson et le reste du gouvernement.
Ces messages auraient dû rester confidentiels, mais la journaliste estimait que la publication de leur contenu était une question d’intérêt général.
Matt Hancock clame depuis partout qu’il a été trahi par Mme Oakeshott.
Mais, à la lecture de ces messages Whatsapp, il apparaît plutôt que c’est lui, Boris Johnson et son gouvernement, qui se sont rendus coupables de trahison envers la population britannique.
Les confinements et leurs « terribles conséquences »
Comme le titre de la série de l’enquête le suggère, beaucoup de ces révélations concernent les trois confinements qu’a connu le pays.
À l’heure où je vous écris, le « papier » en tête des Lockdown files révèle que Simon Case, secrétaire de cabinet de Boris Johnson, avait mis ce dernier en garde contre les « terribles conséquences » d’un confinement[4] :
M. Case avait appelé Boris Johnson à être « honnête » avec les gens au sujet des conséquences qu’aurait le confinement sur la population, et notamment au sujet de tous les « problèmes de santé non-liés au Covid » que la situation ne manquerait pas de provoquer ou d’aggraver.
C’était là une position de bon sens et de transparence, et j’avais moi-même en mars 2020 immédiatement dénoncé les « effets secondaires » auxquels nous devions nous attendre en France suite à cette décision.
Mais moi, je ne travaille pas au gouvernement, tandis que Simon Case, oui. Sa mise en garde n’a pas été écoutée, et pire encore le confinement n’a pas été levé malgré, dès les premières semaines, un rapport alarmant qui détaillait notamment la hausse alarmante de décès d’enfants depuis le début du confinement.
À la décharge de Boris Johnson, on peut écrire que le Premier ministre n’a pas cessé d’être hésitant au sujet du confinement, passant sans cesse du « scepticisme » au « zèle » au sujet de la mesure[5].
Ainsi, quelques jours avant de décréter le deuxième confinement en octobre 2020, il jugeait cette option « totalement absurde ».
Mais alors, pourquoi l’a-t-il malgré tout décrété une semaine plus tard ?
Pour des raisons non pas sanitaires, mais politiques, comme l’affaire des masques le démontre également.
Les masques
La question des masques a fait couler beaucoup d’encre, en Angleterre comme en France.
Leur utilité est comparable à celle d’un placebo, aucune étude sérieuse n’ayant jamais démontré leur efficacité pour limiter la propagation du virus (plusieurs études ont en revanche prouvé leur inutilité).
Et les politiques le savaient.
Rappelez-vous Olivier Véran clamant à la télé que « l’usage des masques est inutile[6] »… avant de le rendre obligatoire !
Pourquoi alors, d’un côté comme l’autre de la Manche, avoir pris cette décision ?
Côté britannique, au moment où le gouvernement demande à Chris Whitty (l’homologue du chef du Conseil scientifique français de l’époque) son opinion sur l’obligation du masque dans les écoles secondaires, le scientifique répond ainsi : « Aucune bonne raison de le faire[7] ».
Si Boris Johnson impose pourtant cette mesure dès le lendemain, c’est uniquement… parce que l’Écosse l’a fait !!!
Cette affaire illustre le suivisme des responsables politiques en dépit des mises en garde sanitaires des scientifiques.
Ce suivisme, détaché de toute rigueur scientifique, fut donc l’un des piliers des décisions gouvernementales durant la crise du Covid.
Il y en a un autre, que ces messages montrent clair comme le jour : la culture de la peur.
« On va tous leur faire faire dans leur froc »
Là aussi, je vous en ai à de nombreuses reprises parlé : la peur a été l’arme de communication n°1 des gouvernements durant la crise du Covid.
Cette arme a depuis été systématiquement employée pour la crise de l’énergie, les pénuries, etc.
Un citoyen apeuré est un citoyen plus docile, plus obéissant.
L’emploi de ce ressort émotionnel est consigné noir sur blanc dans ces échanges whatsapp : « nous allons leur faire dans leur froc » (« We frighten the pants off everyone ») écrit en toutes lettres Matt Hancock, alors ministre de la santé, à… son conseiller en communication.
D’après The Telegraph de nombreux messages témoignent d’un véritable « plan peur » : ils détaillent dans les équipes du ministre comment recourir à « la peur et la culpabilité » pour faire passer les mesures liberticides du gouvernement[8].
La peur fait en outre partie d’une notion capitale depuis la crise du Covid : le « narratif ».
Le narratif, c’est l’histoire que le gouvernement raconte à la population pour justifier ses mesures, avec l’appui complaisant des médias aux ordres.
Les messages qui ont fuité démontrent clairement que la publication ou non de documents officiels durant la pandémie ne servait qu’une seule cause : confirmer le narratif que les « choses vont vraiment mal ».
L’appui de la presse pour diffuser ce narratif a été monnayé par le gouvernement en échange « d’interviews exclusives »[9].
Pot-pourri de petites et grandes dissimulations
L’ampleur et la diversité des révélations produites par ces dizaines de milliers de messages sont trop vastes pour que je puisse tout détailler ici.
Beaucoup de messages illustrent le cynisme et la moquerie de ces gouvernants : ils se vantent de placer les voyageurs revenant de l’étranger dans des « boîtes à chaussures » pour parler des salles d’isolement en quarantaine ; se moquent de leurs concitoyens obligés de passer Noël dans une chambre d’hôtel parce qu’ils ont voulu rentrer voir leur famille pour les fêtes (« hilarant » !) ; et ne sont guère amènes avec les enseignants au moment de la réouverture des classes : « Ils détestent travailler »[10].
Tout cela dénote le côté peu reluisant de la vie politique et n’est, en soi, guère étonnant.
Il y a plus problématique :
- Le gouvernement savait que les confinements auraient des conséquences plus graves que le Covid lui-même – les annulations d’opération ayant déjà des conséquences jugées « tragiques »[11];
- Les scientifiques qui se doutaient que le SARS-CoV-2 serait une fuite de laboratoire auraient caché cette version afin que leurs crédits de recherche ne soient pas coupés[12];
- La politique de tests non-systématiques en maisons de retraite, conseillée par le médecin-chef mais non suivie par le gouvernement, aurait coûté 40 000 décès chez les résidents[13].
Le Telegraph n’a pas encore épluché ni publié les échanges relatifs à la politique vaccinale du gouvernement Johnson ; ce sera, à n’en point douter, un volet important de l’enquête à suivre de près.
Je n’ai aucun doute que, si en France de tels contenus venaient un jour à fuiter, ils seraient rigoureusement de la même teneur.
Hélas, quand bien même ce serait le cas, je doute qu’on trouverait dans notre pays un journal suffisamment courageux pour les rendre publics.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] The Lockdown Files, The Telegraph, mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/lockdown-files/
[2] Matt Hancock, Isabel Oakeshott, « Pandemic Diaries The inside story of Britain’s battle against Covid », Biteback Publishing, décembre 2022, https://www.bitebackpublishing.com/books/pandemic-diaries
[3] https://alternatif-bien-etre.com/coronavirus/olivier-veran-et-le-complexe-derostrate/
[4] « Simon Case warned Boris Johnson of the ‘terrible’ consequences of lockdown », The Telegraph, 10 mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/03/10/simon-case-matt-hancock-national-lockdowns-terrible-impact-society
[5] « Leak reveals how Boris Johnson veered from lockdown sceptic to zealot », The Telegraph, 4 mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/03/04/boris-johnson-lockdown-sceptic-zealot-covid-whatsapp-cummings/
[6] « Olivier Véran : « L’usage des masques est inutile » en dehors des règles d’utilisation définies », BFM TV, mars 2020, https://actu.orange.fr/societe/videos/olivier-veran-l-usage-des-masques-est-inutile-en-dehors-des-regles-d-utilisation-definies-CNT000001odbDl.html
[7] « Face masks introduced in English secondary schools to avoid ‘argument’ with Sturgeon », The Telegraph, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/03/01/nicola-sturgeon-boris-johnson-school-face-mask-row-whatsapp/
[8] «Matt Hancock’s plan to ‘frighten the pants off everyone’ about Covid», The Telegraph, mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/03/04/project-fear-covid-lockdown-files-matt-hancock-whatsapp/
[9] « I want to hit my target, Matt Hancock said as he called in a favour from George Osborne », The Telegraph, mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/02/28/how-matt-hancock-achieved-100k-daily-covid-test-target/
[10] https://www.telegraph.co.uk/news/2023/03/01/gavin-williamson-whatsapp-message-teachers-work-pandemic/
[11] « »How ministers were warned lockdowns could be worse than Covid itself »», The Telegraph, 10 mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/03/10/lockdown-collateral-damage-warning-whatsapp-matt-hancock/
[12] « Scientists dismissed Covid lab leak theory ‘as they feared ban on high-risk experiments’ », The Telegraph, 10 mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/03/10/scientists-dismissed-covid-lab-leak-theory-feared-ban-high-risk/
[13] « The Lockdown Files: Matt Hancock rejected expert advice on care home testing, WhatsApp messages reveal », The Telegraph, 10 mars 2023, https://www.telegraph.co.uk/news/2023/02/28/lockdown-files-matt-hancock-whatsapp-whitty-care-homes-covid/
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Si le masque avait eu une utilité contre la propagation du covid, on n’aurait jamais eu 500 000 cas par jour en janvier 2022 pendant l’arrivée d’Omicron.