Chers amis,

Nos rêves seraient-ils plus riches en temps de confinement ? Depuis plusieurs semaines, de plus en plus de personnes partagent leurs « rêves de confinés » chaque jour sur Internet.

En effet, beaucoup font état de rêves plus hauts en couleurs qu’en temps normal. Alors que les scientifiques savent à peine les déchiffrer, ces rêves pourraient nous aider à gérer notre anxiété.

Voici quelques éléments d’analyse.

Des rêves plus riches pour compenser la situation ?

Le confinement est une période de stress accru pour une majorité d’entre nous. Les soucis peuvent s’accumuler, le manque de repères nous déstabilise et le flou sur le déconfinement n’allège pas vraiment la situation. La difficulté de voir ses proches ou de prendre soin de soi peut empêcher une gestion efficace du stress. Cela causerait une surcharge émotionnelle qui s’exprimerait lors de nos rêves [1].

Cette richesse plus grande de nos rêves peut souligner l’isolement et le manque de stimulation. Notre conscience aurait ainsi tendance à compenser par une vie onirique plus développée. Les rêves sont souvent un savant mélange très créatif entre des souvenirs plus lointains et des moments de la journée. Dans une situation aussi inédite que le confinement, il est probable que les rêves de beaucoup en soient affectés.

À quoi servent nos rêves et comment fonctionnent-ils ?

La question se pose depuis Platon. Bien sûr, de nombreuses théories existent à ce sujet. Si la psychanalyse et la psychothérapie s’appuient souvent sur l’analyse des rêves, aucune étude scientifique n’a abouti à des résultats permettant de les interpréter de façon systématique.

Dans certaines civilisations, les rêves et les cauchemars sont perçus comme une continuation de la vie diurne et un moyen de vaincre ses angoisses. Il y a en fait autant d’interprétations que de personnes tant la symbolique de chacun varie en fonction de son identité, de ses valeurs et de son histoire.

Néanmoins, les rêves restent au cœur de notre santé émotionnelle. Ils ont lieu pendant les phases de sommeil paradoxal, au cours duquel le cerveau est jusqu’à 30 % plus actif qu’en état de veille [2], d’où le paradoxe. Mais toutes les zones du cerveau ne sont pas mobilisées. L’hippocampe, qui enregistre nos souvenirs, et le système limbique, qui gère nos émotions, s’activent tous les deux fortement. Cela expliquerait l’apparition de personnes ou d’endroits familiers dans nos rêves. S’ils échappent à toute logique, c’est à l’absence d’activité du cortex préfrontal, le siège de notre pensée consciente, que nous le devons.

En fait, l’absence totale de filtre rationnel et des contraintes réelles du quotidien permettrait aux émotions de s’exprimer librement. Les rêves sont donc pour certains un véritable gestionnaire de stress, que celui-ci soit positif ou négatif.

Travailler sur ses émotions pour mieux dormir

Lorsqu’on fait un rêve particulièrement intense, riche ou étrange, il nous vient toujours l’envie d’en saisir le sens. Cette interprétation reste personnelle, elle peut s’affiner au fil du temps si on y travaille, mais il n’existe pas de dictionnaire des rêves où seraient répertoriés tous les types de rêves ! Même si certains motifs récurrents permettent de traduire des angoisses tenaces.

Il existe cependant quelques techniques pour apprivoiser nos rêves. Si vous faites des rêves trop intenses ou dérangeants, des cauchemars récurrents, ou tout simplement pour mieux comprendre vos rêves, suivez ces conseils du psychothérapeute britannique Matthew Bowes [3] :

  • Essayer d’éviter au maximum de suivre les news ou les médias anxiogènes.
  • Tenez un « journal des rêves » : notez-les au réveil, puis comparez-les avec votre situation émotionnelle du moment, vos problèmes ou vos angoisses. Vous ne vous en souviendrez pas forcément au début. Mais vous verrez qu’au bout de quelques jour, le ressenti et les souvenirs grandiront. Vous découvrirez progressivement que certains motifs, certains visages ou certains endroits se répètent. Les liens entre tous vous paraîtront plus clairs.
  • Développez vos sens tous les jours. Au cours d’une marche, d’un exercice physique, assis à votre bureau, en lisant, etc. Focalisez-vous par exemple sur votre corps ou sur un ressenti particulier, et ce qu’il vous évoque.
  • Si des rêves plus riches révèlent peut-être un manque de stimulation, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse. L’alcool, le tabac, le café, etc., restent des moyens de gestion du stress très communs qui ont tendance à peser sur le mental. Évitez par conséquent de les consommer en excès.

Faites de beaux rêves,

Oscar

[1] “ La science enquête sur le sens des rêves”, Christophe Doré, Le Figaro, 24 janvier 2014.

[2] “ Les rêves et les cauchemars sont utiles au cerveau”, Damien Mascret, Le Figaro, 30 avril 2013.

[3] “ Having more vivid dreams in lockdown? We asked the experts why”, Daphne Bugler, GQ, 9 avril 2020.