Chers amis, 

Pour ceux qui ont encore le courage de suivre l’actualité sans se démoraliser, une question vous a peut-être interpellé. Comment se fait-il que Taïwan, que 180 km séparent de la Chine, avec qui elle entretient des liens économiques très étroits, n’ait connu que 5 morts depuis le début de l’épidémie ?

Un État « ultra-organisé »

Cette île peuplée d’une vingtaine de millions d’habitants, avait été durement touchée par l’épidémie de SRAS en 2003, avec 181 décès. Un plan épidémie avait été mis en place par le gouvernement à la suite de ces événements. C’est grâce à lui que la réponse contre le coronavirus a pu être aussi rapide.

Dès le 31 décembre 2019, l’île tirait la sonnette d’alarme. Piloté par le ministre de la Santé et des Affaires sociales, un organisme de gestion de crise centralisé et transsectoriel a permis de prendre des décisions globales [1]. Les autorités ont compris qu’il fallait neutraliser les risques de contagion à tous les niveaux. Prendre des décisions rapides et efficaces avec le plus de données possible était donc au cœur du problème.

Des mesures éclair et efficaces sans confinement

Dès le 24 janvier, les exportations de masques ont été restreintes et leur rythme de production accéléré – Taïwan en fabrique désormais 13 millions par jour. Les nouveaux arrivants ont été soumis à des contrôles et des suivis sanitaires très stricts et mis sous quarantaine si nécessaire. Les tests ont été généralisés et des traitements sont même en cours d’élaboration. Les nouvelles technologies ont permis d’accélérer le partage des informations et les prises de décisions : tests de santé en ligne à remplir par les voyageurs des aéroports et accessibles aux hôpitaux, traçage des personnes en contact avec des malades du virus, suivi des malades en ligne et appels à distance…[2]

L’intérêt collectif plus fort que l’individu ?

Depuis janvier, le gouvernement taïwanais a pris 124 mesures pour contrer la propagation du virus sans confiner personne. Les écoles, les entreprises, les restaurants sont restés ouverts. Cette stratégie aurait sans doute échoué si la population n’y avait pas adhéré suffisamment.

Des amendes pouvant atteindre des dizaines de milliers d’euros punissent d’ailleurs la violation de la quarantaine ou la diffusion de fausses informations sur le virus. Si le SRAS de 2003 avait beaucoup marqué les mentalités, la discipline collective est largement plus présente dans la société taïwanaise que chez nous et a contribué tout autant à vaincre le virus. 

Portez-vous bien, 

Oscar

[1] Tribune “L’OMS doit pleinement collaborer avec Taïwan, le Nouvel Obs, 31 mars 2020. 

[2] “Taïwan parvient à contenir l’épidémie sans confinement : un modèle pour la prochaine crise ?”, Jean-François Herbecq, Adrien Simmore et Maria Tarantino,  rtbf.be, 24 mars 2020.