Chers amis,
Vous le savez, de nombreuses molécules sont actuellement testées à travers le monde pour trouver un remède au Covid-19 :
- La désormais célèbre chloroquine, et plus encore son dérivé, l’hydroxychloroquine, préconisées par le Pr Didier Raoult, le directeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille. L’association hydroxychloroquine-azithromycine semble très prometteuse sur les formes légères à modérées de la maladie. Mais des essais cliniques plus larges et plus rigoureux que ceux conduits jusqu’alors, actuellement en cours, doivent permettre de valider ou d’invalider ce traitement. Ce médicament antipaludique, bon marché, suscite notamment beaucoup d’espoir en Afrique où il est déjà répandu et bien connu de la population [1]. Plusieurs pays ont déjà indiqué l’utiliser comme traitement. Mais rappelons que vous ne devez en aucun cas prendre de la chloroquine en automédication en raison de sa forte toxicité.
- Le Lopinavir, combiné avec le Ritonavir, deux antiviraux utilisés contre le VIH. Les premiers essais chinois semblent décevants [2]. Mais d’autres études, en France et en Australie, sont en cours et permettront d’y voir plus clair.
- Le Remdesivir, un autre antiviral expérimental utilisé initialement pour traiter le virus Ebola. Les résultats sur l’efficacité clinique (six essais sont en cours dans le monde) sont attendus avant la fin du mois. Son producteur, l’Américain Gilead, a déjà annoncé une augmentation massive de sa capacité de production.
- Le Tocilizumab, un médicament initialement utilisé contre la polyarthrite rhumatoïde, est porteur de grands espoirs pour lutter contre les formes graves de pneumonie causées par le Covid-19. Il a notamment été utilisé en urgence en Italie, et a montré des résultats encourageants [3]. Il permettrait d’éviter les surréactions immunitaires.
Une méthode ancienne et non-chimique
Un tout nouveau type de traitement, non chimique et tout aussi prometteur, est actuellement à l’essai : la transfusion thérapeutique. Le principe, connu depuis les années 1960, est de récupérer les anticorps de patients guéris du Covid-19 et de les injecter aux patients malades.
Une étude clinique menée sur 60 malades (dont la moitié bénéficiera d’une injection de plasma) vient d’être lancée aujourd’hui, mardi 7 avril, en France et est encadrée par l’Établissement français du sang (EFS).
Comment ça marche ? Une personne guérie depuis au moins deux semaines du Covid-19 présente une quantité suffisante d’anticorps pour en donner à d’autres patients. Ces anticorps se trouvent dans le plasma sanguin et peuvent être récupérés lors d’un don, semblable au don du sang classique.
Le plasma contient plusieurs composants qui intéressent les médecins. L’albumine, utilisée chez les grands brûlés, les facteurs de coagulation, utiles dans les hémorragies et enfin les immunoglobulines, les fameux anticorps qui nous intéressent dans le cadre de la lutte contre la maladie Covid-19.
Les immunoglobulines ont déjà montré leur efficacité dans le cadre de plusieurs autres maladies, et le don de plasma constitue déjà une pratique très encadrée. « Les patients guéris du Covid-19 seront invités personnellement à donner leur plasma », explique l’EFS dans un communiqué [4].
L’autre avantage de cette potentielle thérapie, c’est qu’elle pourrait cibler le virus même quand celui-ci a muté. Les chercheurs misent en effet sur un type d’anticorps bien particuliers, « les anticorps neutralisants à large spectre ». Car un anticorps classique n’arrive à reconnaître la signature d’un virus qu’à un moment donné. Mais lorsque le virus mute, il change sa signature et l’anticorps n’arrive plus à le repérer. Les anticorps neutralisants à large spectre, eux, ont la particularité de cibler les virus même une fois qu’ils ont muté.
« Une première évaluation pourra être rendue deux à trois semaines après le début de l’essai clinique », conclut l’EFS. L’étude pourra être élargie en fonction des résultats. S’ils devaient s’avérer concluants, un réseau de transfert de plasma pourrait s’organiser à travers toute la France.
Ces résultats sont à surveiller de près.
D’ici là, portez-vous bien,
Malik
[1] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/06/l-afrique-potentiel-prochain-foyer-du-coronavirus-mise-sur-la-chloroquine_6035668_3212.html
[2] https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/infectiologie/un-premier-essai-decevant-pour-le-lopinavir-ritonavir
[3] https://www.rtl.be/info/vous/temoignages/une-autre-piste-que-la-chloroquine-le-tocilizumab-souleve-des-espoirs-contre-le-coronavirus-1208616.aspx
[4] https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200407.OBS27191/lancement-en-france-d-un-essai-clinique-avec-du-plasma-de-patients-gueris-du-covid-19.html