Chers amis,
Quelques dizaines d’enfants en France, ainsi que dans d’autres pays européens, en Australie et aux États-Unis (une quinzaine de cas identifiés à New York à ce stade [1]), ont été hospitalisés au cours des dernières semaines pour une forme atypique de la maladie de Kawasaki.
Comme je vous l’expliquais la semaine dernière, la maladie de Kawasaki est une atteinte vasculaire très rare qui peut nécessiter une prise en charge en réanimation. Elle est néanmoins très bien guérie et n’est mortelle que dans 0,17 % des cas.
En France, on recense une vingtaine d’enfants hospitalisés au cours des 15 derniers jours en Île-de-France, pour des symptômes apparentés à cette maladie, alors que le département n’en recense habituellement qu’un par mois.
Lundi 4 mai, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reconnu qu’une « soixantaine de cas » d’enfants touchés ont depuis été recensés dans tout le pays. Mais cette augmentation serait uniquement liée à un appel lancé à tous les centres de réanimation pédiatriques de France pour faire remonter les cas déjà hospitalisés et guéris, mais encore non identifiés comme tels par les autorités de santé.
Des symptômes atypiques
Les symptômes que présentent les enfants touchés (forte fièvre, ganglions gonflés, vomissements, diarrhées) font bien penser au tableau clinique de la maladie de Kawasaki.
Mais on remarque aussi quelques différences notables :
- Un âge plus élevé des enfants touchés : alors que la maladie de Kawasaki ne touche habituellement que des enfants de 1 à 8 ans, cette forme atypique touche des adolescents jusqu’à 17 ans.
- Une atteinte du muscle cardiaque, sous la forme d’une myocardite associée à une défaillance respiratoire.
- Des signes inflammatoires excessifs, très proches de « l’orage de cytokines » décrit dans les cas sévères de Covid-19.
C’est pour ces raisons que les experts préfèrent parler de forme atypique, ou apparentée à la maladie de Kawasaki.
L’hypothèse d’une « maladie post-Covid-19 » gagne du terrain
Les dernières données laissent par ailleurs à penser que cette maladie est bien liée à une infection au SARS-CoV-2, qu’elle soit récente ou plus ancienne.
L’équipe de l’hôpital pédiatrique Necker, à Paris, a en effet révélé jeudi que la quinzaine d’enfants qu’elle avait reçue en hospitalisation à cause de ces symptômes « ont tous été en contact » avec le virus du Covid-19.
Les pédiatres se sont ainsi aperçus que la totalité de ces jeunes patients étaient soit positifs au test virologique, avec une charge virale « encore positive mais faible », soit positifs au test sérologique (la présence d’anticorps permet d’établir après coup si le virus a bien été présent dans le corps quelques semaines auparavant).
Ces résultats tendent à confirmer l’hypothèse qu’il s’agirait d’une maladie post-infectieuse, qui viendrait d’une réaction anormale du système immunitaire après une infection au Covid-19.
Le ministre de la Santé a en tout cas présenté cette hypothèse lundi comme étant très probable, en précisant qu’une enquête plus poussée était en cours.
À ce stade, le nombre de cas demeure extrêmement réduit, avec quelques dizaines de cas maximum recensés dans chaque pays. Cela ne remet absolument pas en cause la faible incidence de formes graves du Covid-19 sur les plus jeunes : ils ne représentent, selon la modélisation de l’Institut Pasteur, que 0,0001 % des cas.
Le risque de transmission entre enfants reste très faible
Une nouvelle étude devrait enfin vous rassurer dans ce contexte de réouverture prochaine des écoles.
C’est la première enquête sur les enfants et la propagation du Covid-19 en classe. L’Australie est en effet l’un des rares pays à avoir maintenu la plupart des écoles ouvertes depuis le début de la pandémie, et vient de publier un rapport sur les cas de coronavirus dans ses écoles.
L’enquête [3], publiée lundi, montre qu’il n’y a pratiquement aucune transmission du Covid-19 entre enfants.
Les chercheurs du NCIRS ont en effet découvert que parmi les près de 900 enfants qui avaient été en « contact étroit » avec le Covid-19, seuls 2 avaient contracté la maladie.
« Cela nous suggère que la transmission des enfants est très faible contrairement à ce que nous constatons pour d’autres virus, comme la grippe saisonnière », a déclaré le Dre Macartney, spécialiste des maladies pédiatriques.
L’annonce de cette « nouvelle » maladie qui touche certains enfants a pu inquiéter nombre de parents. Mais il n’y a pas de raison de paniquer : le nombre très faible d’enfants touchés, la guérison de l’ensemble d’entre eux et les résultats de cette étude australienne ont de quoi rassurer.
Nous ferons notre maximum pour vous tenir informés de l’évolution de la situation sur ces sujets.
Portez-vous bien,
Malik