Chers amis,

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. [1] »

Cette belle définition date de la fondation de l’Organisation Mondiale de la Santé en 1946, et n’a pas changé depuis.

Elle a cependant un défaut : elle est floue.

Car si le bien-être physique peut être mesuré de façon rigoureuse, il n’en va pas de même pour le bien-être mental et social.

Le bien-être mental est bien plus difficile à mesurer que le bien-être du corps !

Le bien-être, tout le monde est d’accord pour dire que c’est important… mais personne ne le définit de la même façon !

Vous toutes et vous tous qui me lisez, éprouvez sans doute cette difficulté comme moi : vous pouvez nommer, facilement, rapidement, quelle partie de votre corps vous gêne ou vous fait mal.

Mais si on vous demande : « Et ton mental ? Et ton rapport aux autres ? »… cela devient tout de suite plus compliqué.

Car alors on fait face à 1 000 théories et 1 000 interprétations différentes issues de la philosophie, de la religion, de la psychologie… ou de n’importe quelle table de famille ou de comptoir de café !

Faites l’expérience autour de vous : demandez à vos proches, vos amis, vos collègues, comment ils définissent le bien-être, et vous aurez autant de réponses que d’interlocuteurs !

La longue quête d’un outil fiable pour mesurer le bien-être

Cela fait plusieurs décennies que les pouvoirs publics – et en particulier l’Union européenne – cherchent un indicateur fiable pour mesurer le bien-être de ses citoyens, dans le but déclaré de l’améliorer[2].

Plusieurs outils ont été créés par les chercheurs, de « l’échelle de satisfaction de vie » mis au point par des psychologues américains dans les années 1980[3] à l’« indice de bien-être » en cinq-points de l’OMS elle-même (nom de code WHO-5).

Aujourd’hui, plusieurs gouvernements à travers le monde semblent se mettre d’accord sur la fiabilité d’un outil au nom de code impossible : le WEMWBS (!).

WEMWBS, ce sont les initiales de Warwick-Edinburgh Mental Well-Being Scale, en français : « échelle de bien-être mental de Warwick-Édimbourg ».

Pas si compliqué que ça en a l’air

Cette « échelle du bien-être » a été développée par des chercheurs écossais à la demande du gouvernement écossais il y a douze ans.

Elle a rapidement été expérimentée et validée par des chercheurs de nombreux pays, dont la France[4] et le Danemark[5] (l’un des pays les plus « heureux du monde » selon plusieurs enquêtes).

Son principe est très simple : il s’agit de répondre à 14 questions portant sur votre ressenti au cours des deux dernières semaines, les réponses allant de 1 (jamais) à 5 (tout le temps).

Exemple de questions : « Je me suis senti(e) optimiste quant à l’avenir » ; « Je me suis senti(e) proche des autres ».

Une fois le questionnaire rempli, on compte les points, le minimum étant 14 (1 à chaque question : état de profond mal-être), le maximum 70 (5 à chaque question : bien-être olympique).

Je vous avoue que j’ai toujours été un peu sceptique face à ce genre de questionnaire, même si, comme tout le monde, cela m’amuse de les remplir.

J’ai fait le test… auprès de 35 personnes

Je me suis prêté au jeu et j’ai obtenu le score de 57.

Est-ce un bon ou un mauvais score ? Je ne sais pas, mais je me suis rendu compte que ce score était identique… à celui le plus fréquent dans la population britannique[6] :

Ce résultat m’a intrigué…

J’ai convaincu 35 personnes de mon entourage de remplir le questionnaire à leur tour.

Les résultats individuels s’échelonnaient de 38 à 61.

J’ai demandé à un ami statisticien, Clément, de convertir ces résultats en un tableau comparable à celui ci-dessus. Et voilà ce que ça donne (merci à lui) :

J’ai été stupéfait : sur mon petit échantillon « maison », on retrouve les mêmes tendances, avec une moyenne autour de 50 (regardez le haut de la courbe des deux graphiques) !

Cette concordance entre les résultats de mon entourage et ceux menés à plus grande échelle semble confirmer la fiabilité de ce questionnaire, qui serait effectivement capable de mesurer le bien-être de ceux qui y répondent.

Mais que faire de ces résultats ?

Si vous parvenez à convaincre plusieurs personnes autour de vous de répondre à ce questionnaire, vous pourrez vous livrer à l’exercice de l’interprétation.

Pour ma part, parmi mon échantillon, j’ai remarqué que les femmes avaient généralement des scores plus bas que les hommes.

Est-ce parce que mes participantes ressentent effectivement un moindre bien-être que mes participants ?

Autrement dit : que les hommes se sentent mieux que les femmes ?

Ou bien les femmes sont-elles plus sévères envers elles-mêmes, et les hommes plus prompts à « gonfler » leurs résultats ?

Je ne sais pas.

Voici à mes yeux deux raisons pour lesquelles vous devriez faire ce test :

2 bonnes raisons de faire ce test… et de recommencer

La première raison, c’est qu’en le faisant en toute honnêteté avec vous-même, ce test va vous permettre d’identifier de quel aspect de votre quotidien vous devriez plus particulièrement prendre soin.

Si vous avez mis un 3, un 2, ou pire un 1 à la question « J’ai été capable de prendre mes propres décisions »…

…alors vous saurez que c’est un point que vous pourriez travailler avec plus d’attention au cours des prochains jours.

La seconde raison, c’est que ce test ne couvre « que » le vécu des deux semaines précédentes.

Autrement dit, le répéter de manière régulière (toutes les deux semaines ou tous les mois) va vous permettre de « juger » vous-même de votre progression sur les fragilités que vous avez identifiées précédemment.

Comment faire ?

Ce test étant protégé par le droit d’auteur, je ne peux pas le partager avec vous tel quel : en revanche vous trouverez, en source de ce mail, le lien pour remplir ce questionnaire[7].

Ce que je vous propose par contre, c’est de partager avec les autres lecteurs votre score en commentaire de cet article.

Et, si Clément est d’accord, je vous réécrirai prochainement… avec les résultats de tous les lecteurs de cette lettre !

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] « Vos questions les plus fréquentes », Organisation mondiale de la Santé, disponible sur https://www.who.int/fr/about/who-we-are/frequently-asked-questions

[2] « Rapport sur la santé en Europe 2012 : la quête du bien-être », consulté en octobre 2019, disponible sur http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0008/256589/EHR2012-Fre-Chapter-3-How-we-are-getting-there-and-what-we-value-the-case-for-measuring-well-being.pdf?ua=1

[3] SWLS pour Satisfaction With Life Scale.

[4] Trousselard (M.) et al., « Validation of the Warwick-Edinburgh Mental Well-Being Scale (WEMWBS) in French psychiatric and general populations », Psychiatry Research, 30 novembre 2016, vol. 245, pp. 282-290, consulté en octobre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1016/j.psychres.2016.08.050

[5] Koushede (V.) et al., « Measuring mental well-being in Denmark: Validation of the original and short version of the Warwick-Edinburgh mental well-being scale (WEMWBS and SWEMWBS) and cross-cultural comparison across four European settings », Psychiatry Research, janvier 2019, vol. 271, pp. 502-509, consulté en octobre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1016/j.psychres.2018.12.003

[6] Tennant (R.) et al., « The Warwick-Edinburgh Mental Well-being Scale (WEMWBS): development and UK validation », Health and Quality of Life Outcomes, 27 novembre 2007, vol. 5, no 63, consulté en octobre 2019, disponible sur https://hqlo.biomedcentral.com/articles/10.1186/1477-7525-5-63

[7] « Échelle de bien-être mental de Warwick-Édimbourg », disponible sur https://centre-ressource-rehabilitation.org/IMG/pdf/echelle_de_bien-etre_en_francais-2.pdf