Chers amis,

« Tu veux quoi pour Noël ? »

Ma réponse : « Une bouillotte ! » (J’ai perdu la mienne lors d’un déménagement il y a quelques semaines.)

Rires : « Mais tu es vraiment un papy avant l’heure ! »

Techniquement, je n’ai pas encore de petits-enfants. Mais si appliquer des remèdes de grand-mère efficaces fait de moi un grand-père… alors j’assume ! 

Malade ou pas, indispensable l’hiver

Je vous ai beaucoup parlé de sommeil ces derniers temps.

Pour s’assurer le repos le plus réparateur possible, je vous avais parlé de la température de votre chambre à coucher. Celle-ci doit être comprise entre 18 et 20 °C.

Il n’est pas question pour autant d’avoir froid. Vous pouvez investir dans une couette bien chaude, préférable à un radiateur poussé trop haut.

Nos ancêtres employaient la bouillotte pour réchauffer les lits. C’est une pratique qui reste intéressante puisqu’elle permet de garder au chaud les parties du corps les plus frileuses, comme les pieds, sans perturber l’ensemble de la température du corps.

Hors du lit, en cas de coup de froid, la bouillotte est un moyen rapide et efficace de se réchauffer, et donc de se prémunir des désagréments d’un refroidissement : de l’eau à chauffer, et hop ! On place la bouillotte ainsi remplie sous le pull ou la robe de chambre.

Mais la bouillotte est bien plus qu’un compagnon, c’est un petit thérapeute.

Un analgésique (antidouleur) confirmé

Les effets antidouleur de la bouillotte ont fait l’objet de plusieurs études qui les ont toutes confirmés.

Ces effets sont particulièrement remarquables contre les douleurs coliques (comme celles provoquées par le syndrome du côlon irritable) et les règles douloureuses[1].

Ces douleurs correspondent souvent à une baisse du flux sanguin, et à une mise à rude épreuve chronique des organes creux (comme les intestins ou l’utérus).

Or la bouillotte améliore le flux sanguin, notamment en rétablissant une bonne circulation dans les vaisseaux capillaires (j’y reviens ci-dessous) ; c’est donc une solution naturelle, physiologique, et surtout plus constante et dépourvue d’effets secondaires, dans le traitement de ces douleurs.

En 2006, le Dr Brian King, de l’université de Londres a fait part de ses découvertes sur l’effet analgésique de la chaleur, telle que prodiguée par une bouillotte :

« La chaleur ne procure pas seulement pas seulement du confort ou un effet placebo : elle désactive en réalité la douleur à un niveau moléculaire en grande partie comparable au fonctionnement des médicaments antidouleur.[2] »

La chaleur intervient, dans notre corps, sur des récepteurs spécifiques à la température, les TRPV1. L’activation de ces récepteurs bloque les messages chimiques de la douleur en les empêchant d’atteindre notre cerveau.

Cet effet est atteint avec une chaleur supérieure à 40 °C.

L’amie du foie

L’organe auquel on associe le plus la bouillotte, avec raison, c’est le foie.

Lors des fêtes de fin d’année, notre foie sera très sollicité.

Or le foie agit comme un centre antipoison. Il filtre 2 500 litres de sang par jour afin d’éliminer les déchets (toxiques et toxines). Les repas festifs de fin d’année lui donnent plus de travail. Il est donc important de l’aider dans cette surcharge.

(Juste après les fêtes je vous donnerai plus de conseils pour vous aider à mieux éliminer les excès, surveillez donc mes messages début janvier.)

Pour fonctionner à son meilleur régime, le foie doit être chaud. C’est, déjà, l’organe le plus chaud de l’organisme : sa température est d’un degré plus élevé que celle du rectum par exemple.

La bouillotte fait monter cette température à 42 °C et c’est excellent.

Le fait de placer une bouillotte près de votre foie (pour rappel le foie est situé sous l’hypocondre droit, voir dessin ci-dessus) et de votre vésicule biliaire crée en fait artificiellement les conditions d’une petite fièvre localisée, favorisant la destruction des pathogènes.

Vous connaissez les bains Salmanoff, mais connaissez-vous la bouillotte Salmanoff ?

La bouillotte sur le foie est l’une des mesures fondamentales prescrites à tout un chacun par le clinicien Alexandre Salmanoff (que vous connaissez peut-être par les « bains Salmanoff »).

Le Dr Salmanoff, célèbre médecin russe réfugié à Paris à partir des années 1930, a basé ses méthodes thérapeutiques sur l’importance des vaisseaux capillaires.

Les vaisseaux capillaires sont les plus petits vaisseaux sanguins du corps humain, qui l’irriguent jusque dans ses moindres recoins. Aussi fins que des cheveux, ils mesurent entre 5 et 30 microns (un micron est un millionième de mètre !). 80 % du sang circule par ces très fins vaisseaux.

De par leur finesse, ces vaisseaux peuvent plus vite s’encrasser et se boucher que d’autres vaisseaux ; l’approche de Salmanoff consiste à favoriser leur bon fonctionnement.

Or cela passe également par un foie qui marche correctement. La bouillotte est toute indiquée pour cela, à tel point que le Dr Salmanoff conseille de l’appliquer après chaque repas !

« On appliquera systématiquement la bouillotte bien chaude sur la région du foie après les trois principaux repas. Si le foie est très congestionné, on conservera la bouillotte environ 40 minutes, sinon, une vingtaine de minutes deux fois par jour suffiront. (…) Après deux, trois, voire quatre semaines de cette simple thérapeutique, le diaphragme commence à être débloqué, ses mouvements deviennent plus amples, plus forts. La respiration, la circulation générale sont améliorées au profit de l’organisme. Je ne connais pas de médication plus simple, plus profonde et plus efficace que l’application de la bouillotte sur la région du foie[3]

Conseils pour l’utilisation de votre bouillotte

Plus proche de nous, le célèbre naturopathe et spécialiste de la détox Thomas Uhl préconise lui aussi l’utilisation de la bouillote sur le foie. Voici sa « recette » :

  • Prenez une bouillotte, de préférence avec une housse pour le confort.
  • Faites bouillir de l’eau dans une bouilloire.
  • Remplissez votre bouillotte avec l’eau chauffée (environ 80-85 °C). Ne la remplissez pas à ras bord, mais environ aux deux tiers, et videz l’air : mobile, la bouillotte épouse mieux les formes de votre corps et est plus agréable à appliquer.
  • Allongez-vous confortablement.
  • Appliquez la bouillotte au niveau du foie, sur l’hypocondre droit. Mettez-la directement sur la peau si vous avez une housse. Certaines bouillotes font le tour de la taille : fixez-la à même la peau.
  • Détendez-vous et respirez.
  • Reposez-vous ainsi pendant 20-30 minutes. Faites une sieste si vous le souhaitez : elle sera régénératrice pour votre corps tout en aidant votre foie à travailler. 

Je vous reparlerai du foie plus en détail en janvier.

Mais n’hésitez pas à recourir à la bouillotte dès maintenant pour traverser les fêtes en toute tranquillité !

D’ici Noël je vous enverrai un autre conseil indispensable pour mettre de votre côté toutes les chances de bien digérer votre réveillon (facile et fondamental mais trop souvent négligé).

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] Chaudhuri (A.), Singh (A.) et Dhaliwal (L.), « A randomised controlled trial of exercise and hot water bottle in the management of dysmenorrhoea in school girls of Chandigarh, India. », Indian Journal of Physiology and Pharmacology, 2013, vol. 57, no 2, pp. 114-122, consulté en décembre 2019, disponible sur https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24617160

[2] « Heat Halts Pain Inside The Body », 5 juillet 2006, University College London, consulté en décembre 2019, disponible sur https://www.sciencedaily.com/releases/2006/07/060705090603.htm

[3] Cité par Pierre Lance dans son article « La médecine physiologique d’Alexandre Salmanoff », dans Alternatif Bien-Être no 125, février 2017, p. 20.