Chers amis,

Lorsqu’Emmanuel Macron a, la semaine dernière, lancé sa fameuse phrase « J’ai très envie d’emmerder les non-vaccinés », beaucoup ont d’abord cru à un dérapage.

Il n’en est évidemment rien : non seulement le chef de l’État a annoncé assumer ses propos[1], mais son calcul politique est plus sournois encore.

Ce calcul c’est, évidemment, celui de la division de ses concitoyens.

Une division toute neuve, artificielle, mais puissante et redoutable de discorde.

Une division qui a à ce point infusé dans le débat public que « l’ennemi » affiché du gouvernement, ce n’est plus le coronavirus, mais cette nouvelle classe de « non-vaccinés », bien trop souvent réduits à l’étiquette d’« antivax ».

Une division si implantée dans notre société qu’elle a brisé des familles, mis fin à des amitiés, détruit des emplois et des carrières ; bref : semé une zizanie qui laissera des traces.

Or cette division n’a – est-il utile de le préciser ? – aucune justification scientifique. Et elle aura des répercussions durables sur notre quotidien.

Il a fallu à peine un an pour créer une nouvelle « classe » de citoyens

Il y a tout juste un an, alors que les vaccins anti-Covid venaient d’apparaître dans le paysage de la gestion de la crise sanitaire, il ne serait venu à l’idée de personne de faire de la vaccination ou de la non-vaccination un critère discriminatoire de citoyenneté.

Et pour cause ! Emmanuel Macron, en novembre 2020, avait répété « Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire »[2], insistant sur le fait que cette campagne reposerait sur la bonne volonté de chacun et la transparence.

6 mois plus tard, il instaurait le pass sanitaire, dont l’utilité, selon le Pr Delfraissy qui l’a lui-même admis face au sénat, consistait uniquement à « pousser » à la vaccination dans la population générale.[3] 

Et à présent, un an après ces déclarations, monsieur Macron entend imposer un pass vaccinal qui s’apparente de facto à une obligation… mais en protégeant son gouvernement de futures poursuites pénales liées aux effets secondaires de ces vaccins (auxquelles une obligation vaccinale assumée l’aurait exposé). 

Vous connaissez certainement le principe du bouc émissaire.

En accusant les « non-vaccinés » d’irresponsabilité et, selon les mots du chef de l’État, de perte de leur statut de citoyen, Emmanuel Macron fait se résumer le débat autour du pass vaccinal à un « pour ou contre la vaccination » qui sert ses intérêts politiques.

Car, ce faisant, il escamote aux yeux des « vaccinés » – actuellement majoritaires dans notre pays – le fait qu’eux-mêmes deviendront officiellement des « non-vaccinés » à part entière s’ils n’effectuent pas dans un délai répété et réduit à trois ou quatre mois leur dose de rappel vaccinal, et perdront donc le bénéfice de leur pass vaccinal, conditionnant leurs « libertés ».

Si le pass vaccinal est définitivement adopté, nous nous dirigeons bel et bien vers un modèle de société néfaste dans lequel les « libertés » de chaque citoyen seront conditionnées par l’obéissance à l’injonction de se voir inoculer régulièrement un produit pharmaceutique.

Il fait également peser, sur les personnes qui refusent la vaccination, la responsabilité de la saturation des hôpitaux, alors que cette saturation est avant tout la conséquence de plusieurs années de coupes budgétaires et de paupérisation des conditions de travail de l’hôpital public. 

Or, la seule vaccination anti-Covid a fait peser sur le budget de l’État, en 2021, un coût de près de 6 milliards d’euros[4]… alors que la prise en charge des « non-vaccinés » en réanimation avoisinerait les… 225 millions d’euros. 

Le « coût » de la vaccination est donc bien plus lourd que celui de la non-vaccination, et faire porter à cette dernière le chapeau du l’état inquiétant de notre système de santé est cynique.

Surtout, cette discrimination et cette division déporte l’opinion publique de cette question fondamentale : la stratégie du « tout-vaccinal » du gouvernement a-t-elle tenu ses promesses ?

Comment le gouvernement explique-t-il le bond des contaminations ?

Vous avez peut-être vu passer sur les réseaux sociaux cette vidéo qui juxtaposait :

  • d’une part les propos d’Olivier Véran annonçant, l’été dernier, que lorsque 90% de la population serait vaccinée on ne compterait plus que 300 à 500 cas positifs par jour,
  • et d’autre part les annonces de ces derniers jours des « records » de contamination à 300’000 cas quotidiens.

Les quelque 5 millions de non-vaccinés en France sont-ils responsables de ces contaminations record ?

C’est dur à avaler… et pourtant c’est notamment sur cet argument que le gouvernement base sa communication pour justifier l’instauration du pass vaccinal !

La réalité est plus simple, et plus cruelle : ces centaines de milliers de nouveaux cas positifs quotidiens sont la preuve désarmante que la promesse que les vaccins anti-Covid mettraient fin à l’épidémie n’a évidemment pas été tenue.

On nous avait promis le retour à la vie normale, et nous avons, à la place, une installation durable de la vie anormale : vaccin + tests + gestes barrière + télétravail, etc.

On est aujourd’hui plutôt face à une escalade de mesures (souvent incohérentes, voire risibles : cf. l’interdiction du popcorn au cinéma) qu’à un retour à une « normalité ».

Mais il y a pire.

Non seulement l’immunité acquise par ces vaccins est terriblement faible et temporaire – ce qui « justifie » les doses de rappel à répétition – mais elle semble jouer le rôle inverse face à Omicron.

Ainsi, si l’on savait déjà que les vaccins anti-Covid n’empêchent ni la contamination par Omicron, ni donc la propagation de ce variant, et qu’ils sont particulièrement peu efficaces contre Omicron, des données de l’institut Koch, en Allemagne, laissent entendre qu’ils pourraient être un « facteur facilitant » de contagion pour Omicron.

L’Institut Koch avait d’abord annoncé le chiffre ahurissant de 95,58% de vaccinés chez les « positifs » à Omicron. Ce chiffre avait, semble-t-il, été surévalué[5].

Le « vrai » chiffre serait plutôt de 78%[6]… ce qui reste au-dessus du taux de la population allemande vaccinée, qui oscille entre 71 et 73%[7].

Le variant Omicron aurait donc bel et bien une facilité et une prédisposition pour la population vaccinée contre le Covid.

Pourquoi ? Quel est le mécanisme biologique à l’œuvre dans cette plus grande fragilité des vaccinés anti-Covid à ce variant ? Nous ne le savons pas.

Deux hypothèses actuellement sont envisagées :

  • Soit le matériel génétique des vaccins à ARNm ouvrirait une porte d’entrée à ce variant et faciliterait sa contamination ;
  • Soit le système immunitaire global des vaccinés, fatigué par les doses de vaccin, serait moins apte à se défendre.

Quoi qu’il en soit, ces chiffres accablants nous rappellent de façon aiguë que la stratégie de la vaccination de masse n’a pas mis fin à la circulation du Covid.

Voire même qu’elle est peut-être en train d’aggraver le problème : les variants Delta et Omicron auraient déjà commencé à se combiner à Chypre, un variant « Deltacron » touchant déjà 25 personnes[8].

Je vois, malgré tout cela, 3 bonnes raisons de garder espoir.

Espoir n°1 : Omicron confirme sa très faible virulence

Je vous avais écrit, début décembre, qu’Omicron pourrait être une bonne nouvelle[9]. Un virus très contagieux mais très peu dangereux est en effet la meilleure chance d’acquérir une immunité collective à peu de frais.

A ce titre, je jugeais même que cette immunité collective et naturelle faisait concurrence à la stratégie de l’immunité artificielle portée par l’approche tout-vaccinal du gouvernement, ce qui l’obligeait à accélérer son calendrier[10]. 

Les exemples sud-africain mais aussi britannique semblent me donner raison : Omicron a, comme en France, occasionné dans ces deux pays des records de contamination… sans affecter les décès.

Omicron est donc à ce jour bel et bien un variant bénin, que nous aurions tout à gagner à laisser circuler.

Espoir n°2 : les médias se réveillent (doucement)

Face aux mesures de plus en plus absurdes et liberticides du gouvernement, certaines voix commencent à s’élever publiquement, y compris dans les rangs des « suiveurs ».

Je pense notamment au très beau billet de Jean Quatremer publié dans Libération le 1er janvier, au sujet des nouvelles mesures prévues par le gouvernement :

« Aujourd’hui, il faut bien constater que critiquer la politique sanitaire en invoquant la démocratie et les principes juridiques qui la fondent est devenu inaudible, d’autant que les juges valident toutes les décisions de l’exécutif. (…)

Dans cette société profondément allergique au risque, où l’interdit est permanent et l’autorisation temporaire, les droits du collectif définis par une administration omnipotente l’ont emporté sur ceux de l’individu. Et comme le danger sanitaire restera permanent, exactement comme le terrorisme l’est devenu, on ne reviendra jamais en arrière. »[11]

Ou encore à la chronique d’Ivan Rioufol du 6 janvier dernier dans Le Figaro :

« Macron n’est plus en guerre contre un virus, mais contre des Français coupables de résister à l’hystérie sanitaire. (…) Oui, le Covid rend fou.

Le pouvoir hygiéniste ne peut consolider son autoritarisme qu’en poursuivant sa fuite en avant dans l’angoisse sanitaire, en dépit des faits. »[12]

Je cite d’autant plus volontiers ces gestes honorables de la part de ces deux grands quotidiens qu’ils m’ont complaisamment attaqué dès le début de la pétition contre le Pass vaccinal, en s’en prenant à moi (ou plutôt à ce qu’ils croyaient savoir de moi)… au lieu de parler du sujet de la pétition.

Même Laurent Ruquier, effectuant sa rentrée télévisuelle samedi dernier, a poussé un vrai et solide coup de gueule contre la gabegie sociale et sanitaire provoquée par le gouvernement, et répondant en direct à Emmanuel Macron : 

« C’est ça qui m’emmerde, puisque c’est un verbe présidentiel maintenant. J’ai fait toutes mes doses mais on m’oblige quand même à porter un masque dans la rue. J’ai fait toutes mes doses, mais je peux quand même être contagieux. J’ai fait toutes mes doses, mais je peux quand même me retrouver malade à l’hôpital. Ceux qui m’emmerdent, ce sont les médecins qui au lieu d’être à l’hôpital sont sur les plateaux à nous raconter depuis deux ans connerie sur connerie »[13].

Pour avoir fréquenté les plateaux télé la semaine dernière, j’ai pu sentir, en direct, ce discret mais net changement de ton et de discours au sein des rédactions télévisuelles.

Il n’est plus tabou de dire que le gouvernement se trompe, que son acharnement dans le tout-vaccinal est liberticide, et disproportionné face à la dangerosité du variant Omicron.

Il y a encore deux semaines, ces propos auraient été qualifiés, au choix, de complotistes, d’antivax ou d’irresponsables.

Les choses changent, donc, lentement. Reste à savoir si ce sera suffisant pour faire barrage au projet de pass vaccinal.

Espoir n°3 : l’état d’esprit du Sénat

Le projet de loi adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale la semaine dernière ne devrait pas, selon toute vraisemblance, être accueilli avec autant de suivisme par les sénateurs.

J’ai pu m’entretenir mercredi dernier avec deux sénatrices (j’y reviendrai bientôt), et nous ne pouvons que nous féliciter de la plus grande lucidité quant aux conséquences de ce projet de loi au sein du Sénat.

Dans leur examen du projet de loi aujourd’hui, les sénateurs devraient notamment l’amender de façon à :

  • Rappeler que le contrôle d’identité est, dans notre pays, la prérogative des forces de l’ordre ;
  • Limiter dans le temps l’usage du pass vaccinal – c’est-à-dire programmer sa disparition le moment venu.

C’est mieux que rien, et espérons que les Sénateurs fassent front uni pour exiger l’intégration de ces amendements.

Vous me répondrez : « oui, mais de toute façon l’Assemblée Nationale pourra faire sauter ces amendements en seconde lecture et adopter le texte à sa sauce au final ».

Certes, mais ces points ne sont pas des points de détail, et nous devons garder en tête qu’ils ne manqueront pas d’être signalés au Conseil constitutionnel lorsque la loi, selon toute probabilité, y sera examinée. 

Or, pour les membres du conseil constitutionnel, balayer ces points-là d’un revers de la main reviendrait à renier leur propre argumentaire du 5 août 2021 validant la loi sur le pass sanitaire !

J’appelle de mes vœux la poursuite de cette prise de conscience qui commence à se produire dans la population, les médias, et certains politiques.

Il s’agit maintenant d’utiliser les contre-pouvoirs que la constitution prévoit… Mais que seul le courage permet d’employer.

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet

Sources :

[1] France info. (07.01.2022). « Envie d’emmerder les non-vaccinés » : « J’assume totalement », déclare Emmanuel Macron après ses propos controversés. https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/video-envie-d-emmerder-les-non-vaccines-j-assume-totalement-declare-emmanuel-macron-apres-sa-declaration-controversee_4907985.html

[2] France info (24.11.2020). Covid-19 : « Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire », assure Emmanuel Macron. https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-je-ne-rendrai-pas-la-vaccination-obligatoire-assure-emmanuel-macron_4194231.html

[3] Donada E (09.12.2021). Jean-François Delfraissy a-t-il dit que le pass sanitaire ne protège pas ? MSN, actualité. https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/jean-fran%C3%A7ois-delfraissy-a-t-il-dit-que-le-pass-sanitaire-ne-prot%C3%A8ge-pas/ar-AAREKcy?li=BBkGbOY

[4] Robin C (24.09.2021). Covid-19 : le coût faramineux des vaccins pour la Sécu en 2021. Capital. https://www.capital.fr/economie-politique/covid-19-le-cout-faramineux-des-vaccins-pour-la-secu-en-2021-1415280

[5] Gouthière F (03.01.2022). «95,58 % de vaccinés parmi les cas d’omicron en Allemagne» : l’Institut Robert Koch reconnaît une erreur de chiffres. Libération. https://www.liberation.fr/checknews/9558-de-vaccines-parmi-les-cas-domicron-en-allemagne-linstitut-robert-koch-reconnait-une-erreur-de-chiffres-20220103_7324EYINBRGWHKOH2YZFFU224E/

[6] Service Checknews (07.01.2022). Part des vaccinés chez les infectés omicron : que disent les dernières données de l’Institut Robert-Koch pour l’Allemagne ? Libération. https://www.liberation.fr/checknews/part-des-vaccines-chez-les-infectes-omicron-que-disent-les-dernieres-donnees-de-linstitut-robert-koch-pour-lallemagne-20220107_DGJHGDB5JFCR7P264GWIDBRSB4/

[7] EuroVaccination est un outil permettant de suivre l’évolution de la campagne de vaccination dans les différents pays européens. https://eurovaccination.fr/

[8] Europa Press (08.01.2022). Hallan la variante « deltacron » en Chipre, una combinación de las variantes delta y ómicron. https://www.europapress.es/internacional/noticia-hallan-variante-deltacron-chipre-combinacion-variantes-delta-omicron-20220108180901.html

[9] Ibid

[10] Bacquet R (18.12.2021). Le pass sanitaire devient pass vaccinal : ce n’est pas une surprise, c’est un signal. https://alternatif-bien-etre.com/coronavirus/le-pass-sanitaire-devient-pass-vaccinal-ce-nest-pas-une-surprise-cest-un-signal/

[11] Quatremer J (01.01.2022). Mesures contre le Covid : ci-gît la démocratie libérale. Libération. https://www.liberation.fr/international/europe/mesures-contre-le-covid-ci-git-la-democratie-liberale-20220101_ZL4UHY7Q5FDWLJN5IIEIZZVPDM/

[12] Rioufol I (06.01.2022). Ivan Rioufol: «Comment Macron installe la zizanie civile». https://www.lefigaro.fr/vox/politique/ivan-rioufol-comment-macron-installe-la-zizanie-civile-20220106

[13] Leroy C (09.001.2022). VIDEO On est en direct : Laurent Ruquier pousse un violent coup de gueule contre les médecins qui « sont sur les plateaux ». Voici. https://www.voici.fr/news-people/video-on-est-en-direct-laurent-ruquier-pousse-un-violent-coup-de-gueule-contre-les-medecins-qui-sont-sur-les-plateaux-720602