L’attaque du coronavirus mutant de Londres !

Chers amis,

Le Covid-19 aura décidément fait le feuilleton jusqu’au bout de cette année 2020.

Si vous écoutez la radio, regardez la télé ou lisez les journaux, le dernier « rebondissement » en date a peu de chances de vous avoir échappé : le Covid-19 a muté et cette nouvelle souche serait 40 à 70% plus contagieuse que les précédentes[1].

Cette nouvelle souche du Covid serait, selon les termes marquants du ministre britannique de la santé Matt Hancock, « hors de contrôle ».

La Grande-Bretagne, laboratoire à ciel ouvert de cette souche, est redevenue une île à part entière pour quelques heures (jours ?), isolée comme jamais[2].

La plupart de ses voisins européens ont suspendu leurs liaisons avec le pays, faisant le vœu pieux d’endiguer cette super-souche contagieuse qui se reproduit de façon exponentielle – mais des cas ont déjà été enregistrés en Italie, en Belgique et au Danemark… 

Malgré le vent de panique engendré par ce qui est présenté par la plupart des médias comme un développement cauchemardesque :

  • cette mutation n’a rien d’un coup de théâtre ;
  • ses conséquences ont peu de chance d’être funestes ;
  • elle ne menace pas les vaccins… mais elle les concurrence!

Depuis un an le virus mute de façon à devenir plus contagieux…

Pour commencer, soyons clair : le coronavirus dont nous cherchons à nous protéger en cette fin décembre a un lien de parenté de plus en plus éloigné avec celui qui a bouleversé nos habitudes au début de l’année.

Ce n’est plus la même souche de virus !

Les virus mutent en permanence et le SARS-CoV-2, à l’origine de la maladie appelée Covid-19, n’échappe pas à la règle. Depuis son identification, des milliers de mutation ont été répertoriées.

Les mutations qui ont des conséquences sur le plus grand nombre d’entre nous, ce sont celles portant sur la protéine appelée « Spike » (abréviation de « spicule ») : il s’agit des fameux picots tout autour du virus.

Retenez bien ce nom car c’est cette protéine qui permet au virus d’entrer dans nos cellules et de nous infecter. Toute mutation concernant cette protéine « Spike » influence donc directement la contagiosité du virus.

Or, en février 2020 déjà, une mutation a été observée sur cette protéine Spike : la mutation D614G.

D’abord minoritaire et sporadique, cette nouvelle souche du virus est peu à peu devenue dominante.

Elle a une charge virale plus élevée chez le porteur, et elle peut être 8 fois plus contagieuse que la souche « originale », celle de Wuhan[3].

La « nouvelle » mutation du sud-est de l’Angleterre n’est en réalité pas si nouvelle que cela : elle a été identifiée il y a 3 mois dans le Kent et à Londres.

Ce qui est nouveau… c’est qu’elle commence à devenir la souche dominante en Angleterre.

Et pour cause ! La mutation N501Y (c’est son nom officiel) porte également sur la protéine Spike comme l’indique un article du British Medical Journal[4] : responsable de 28% des infections début novembre… elle en était à 62% un mois plus tard[5] !!!

Cette mutation britannique est donc une étape supplémentaire dans le progrès en contagiosité du SARS-CoV-2.

En coupant leurs liaisons maritimes, aériennes et – dans le cas de la France – ferroviaires, les voisins de l’Angleterre ne font que gagner du temps car il est hautement probable que la mutation N501Y devienne la variante dominante du Covid, supplantant progressivement la D614G… qui avait elle-même supplanté la souche de Wuhan.

Mais en réalité… rien ne justifie une telle psychose. Car oui, il y a une bonne nouvelle dans tout cela.

… mais pas plus dangereux !

Bien qu’inconnu du grand public il y a un an, le SARS-CoV-2 connaît la trajectoire « normale » d’un virus : il est de plus en plus contagieux… Mais pas plus dangereux

C’est, en réalité, la condition du succès évolutif d’un virus : il n’a aucun intérêt à tuer son hôte !

Rappelez-vous les « hôtes » originaux des coronavirus : les chauve-souris. Ces animaux grouillent littéralement de virus… dont ils ne souffrent pas. Ce sont de véritables bouillons de culture volants !

C’est, pardonnez-moi, le nec plus ultra pour un virus :  passer d’un hôte à l’autre et se répliquer en toute tranquillité dans son organisme !

Un hôte « idéal » est donc… un hôte asymptomatique.

Nous n’en sommes pas encore tout à fait à ce stade avec le SARS-CoV-2 : il déclenche encore des symptômes chez ceux qui l’attrapent. Mais, vous le savez, un nombre croissant de porteurs ont soit des symptômes bénins, soit pas de symptômes du tout.

La bonne nouvelle, donc, c’est que cette hausse de la contagiosité du SARS-CoV-2 ne s’accompagne ni d’une plus forte létalité ni d’une plus forte sévérité des symptômes.

Cela a été confirmé pour la variante D614G[6]. Et si les chercheurs sont pour le moment très prudents sur la variante N501Y, la propagation de cette nouvelle souche n’a jusqu’ici pas été corrélée à une aggravation du tableau symptomatique en Angleterre[7].

J’en viens maintenant au sujet qui fâche. 

L’efficacité des vaccins est un faux problème

Dès la spectaculaire médiatisation de cette variante britannique, les journalistes ont frémi : cette mutation N501Y va-t-elle saborder l’efficacité de la campagne vaccinale qui s’apprête à débuter ?

Que va-t-on devenir ?!

Cette interrogation est a priori justifiée : les vaccins développés par Pfizer/BioNTech et Moderna ciblent précisément la protéine Spike.

Ces vaccins ne contiennent pas une version atténuée du virus qu’ils combattent, comme les vaccins classiques (contre la rage ou la rougeole par exemple), mais sont « à ARN messager » (ARNm) : ils synthétisent une protéine ressemblant à Spike afin d’entraîner notre système immunitaire à développer des anticorps.

Imaginez que nos cellules disposent de serrures : la protéine Spike dispose d’une clé, une sorte de passe-partout en somme.

Le vaccin à ARNm consiste à reconnaître ce passe-partout de façon à changer la serrure du cadenas. 

Il va sans dire que ces vaccins ont été développés et testés avant que la mutation N501Y ne se répande comme une traînée de poudre.

Un trop grand nombre de mutations sur cette protéine Spike est donc en effet, sur le papier si j’ose dire, susceptible de remettre en cause l’efficacité future de ces vaccins.

Mais en réalité, c’est à l’heure actuelle peu probable : cette mutation, si elle augmente la contagiosité du virus, ne change pas fondamentalement son identité génétique.

L’efficacité des vaccins à ARNm, quelle qu’elle soit, ne devrait donc pas être bousculée par cette mutation (je laisse volontairement de côté la question de leurs effets secondaires).

Je suis beaucoup plus préoccupé par les vaccins à base d’OGM qui se préparent en parallèle.

J’ai d’ailleurs lancé une pétition pour demander à notre premier ministre de ne pas donner carte blanche à ces apprentis-sorciers : cette pétition a déjà recueilli plus de 110 000 signatures et se trouve ici.

Cette mutation ne menace pas le vaccin…. Elle le concurrence !

Voici enfin ce qui me paraît le plus frappant dans cette histoire de mutation du virus.

Vous savez que l’on parle de course au vaccin depuis plusieurs mois.

Eh bien, avec cette mutation … le SARS-CoV-2 vient à son tour de rentrer dans cette course !

La progression galopante de cette variante au moment même où la campagne vaccinale s’apprête à débuter en Europe ne laisse pas d’être ironique.

D’autant plus si l’on considère qui a « tiré les premiers » ? Les Anglais !

La part la plus complotiste d’entre nous ne manquera pas de relever que l’apparition de cette souche super-contagieuse intervient opportunément, au moment où il s’agit de convaincre les esprits de se faire vacciner. 

Mais en réalité le problème n’est pas là : la vraie question est désormais de savoir si la propagation de cette nouvelle souche se fera à un rythme plus rapide que celui de la vaccination.

Car si tel est le cas, la question de l’efficacité ou non du vaccin sera obsolète… puisqu’il sera inutile.

Si cette nouvelle souche est en effet « hors de contrôle », et qu’elle parvient à se répandre hors d’Angleterre, nous devrions en effet être beaucoup plus nombreux à être contaminés…

Et vous savez ce qu’il y a au bout de ce scénario.

Ce n’est pas tant une hausse de la mortalité (jusqu’ici cette nouvelle souche n’a pas entraîné, en Angleterre, de « flambée » dans les hôpitaux ou les morgues[8]) que l’acquisition, à notre corps défendant, d’une immunité collective.  

L’écrasante majorité des personnes infectées au Covid-19 n’attrape pas deux fois la maladie[9]. 

A priori, seules les personnes immunodéficientes peuvent contracter chroniquement le Covid : cela signifie que nous développons des anticorps.

Il est donc fort possible, à l’heure où j’écris ces lignes, que le variant N501Y du SARS-CoV-2 prenne de vitesse le vaccin… Et que cette nouvelle souche beaucoup plus contagieuse soit déjà bien installée quand la campagne de vaccination se déploiera à grande échelle !

Les autorités, qui avaient engagé une course contre la montre, sont rattrapées par la viralité du Covid-19.

Le coronavirus fait le feuilleton jusqu’au bout de l’année 2020, vous disais-je. Il reste huit jours avant la fin de l’année. La campagne, en France, est censée débuter ce dimanche.

Ce que j’ai envie de vous dire, à ce stade, est ceci : ne vous laissez pas submerger par la vague de panique suscitée par ce variant du virus… et par les médias.

Profitez de cette période de fêtes.

Ne pas vivre dans la peur et vous faire plaisir est l’une des meilleures choses que vous puissiez faire pour votre immunité.

Bonnes fêtes et portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Le Temps, Sciences (2020). La nouvelle souche plus contagieuse du coronavirus inquiète les épidémiologistes. https://www.letemps.ch/sciences/nouvelle-souche-plus-contagieuse-coronavirus-inquiete-epidemiologistes

[2] Ce matin une pénurie de produits frais est déjà évoquée. L’Angleterre a fait le choix, il y a quelques décennies, de ne quasiment plus rien produire sur son sol et de compter sur l’importation pour se ravitailler, ce qui la rend particulièrement vulnérable.

[3] Korber, B., Fischer, W. M., Gnanakaran, S. et al. (2020). Spike mutation pipeline reveals the emergence of a more transmissible form of SARS-CoV-2. BioRxiv 2020.04.29.069054. DOI : https://doi.org/10.1101/2020.04.29.069054

[4] Wise, J. (2020). Covid-19 : New coronavirus variant is identified in UK. BMJ 2020;371:m4857. DOI : https://doi.org/10.1136/bmj.m4857

[5] European Centre for Disease Prevention and Control (2020). Rapid increase of a SARS-CoV-2 variant with multiple spike protein mutations observed in the United Kingdom. ECDC: Stockholm; 2020. https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/SARS-CoV-2-variant-multiple-spike-protein-mutations-United-Kingdom.pdf

[6] Meylan, P. (2020). Mutation dans la protéine Spike de SARS-CoV-2. Rev Med Suisse, 16, pp. 1470-1470. DOI : https://doi.org/10.1016/j.cell.2020.06.040

[7] Cf n.5

[8] Cf. n.5

[9] Organisation Mondiale de la Santé (2020). COVID-19: sérologie, anticorps et immunité. https://www.who.int/fr/news-room/q-a-detail/coronavirus-disease-covid-19-serology