Chers amis,

Rappelez-vous, c’était il y a deux ans et demi : au tout début de la crise du Covid, la naturopathe Anne Portier me parlait dans une vidéo des bienfaits potentiels de l’Artemisia annua contre cette maladie alors émergeante.

Manque de pot, la vente et l’usage pharmacologique de cette plante sont interdits en France !

Quelques mois plus tard, l’IMRA de Madagascar mit au point un remède anti-Covid à base de plantes, parmi lesquelles l’Artemisia annua[1].

Bien que Madagascar ait connu un nombre très bas de cas graves de covid, ce remède a été purement et simplement ignoré par les « décideurs » du front sanitaire en France, qui se sont engouffrés comme un seul homme dans la promesse de vaccins expérimentaux.

Et l’Artemisia annua reste une plante proscrite du point de vue pharmaceutique en France…

… et ce alors même que la découverte de ses vertus médicinales – notamment contre le paludisme – a valu à leur chercheuse, Tu Youyou, le prix Nobel de médecine[2].

Aujourd’hui pourtant, la liste des vertus thérapeutiques de l’Artemisia annua ne cesse de s’allonger, études scientifiques à l’appui.

Covid : une étude contribue à expliquer l’efficacité de l’Artemisia annua

En juillet dernier, une étude publiée dans la revue médicale Frontiers in medicine[3] levait une partie du voile sur les raisons de l’efficacité anti-Covid de la plante.

Les chercheurs ont isolé 168 molécules afin de comprendre laquelle, ou lesquelles, avait le potentiel le plus intéressant pour inhiber la principale protéase du SARS-CoV-2.

Voici les résultats :

« En conclusion, sur 168 composés bioactifs d’Artemisia annua ayant fait l’objet d’un dépistage d’activité inhibitrice possible contre la principale protéase du SRAS-CoV-2, la rhamnocitrine présentait l’affinité de liaison la plus élevée, suivie de l’isokaempferide et du kaempferol. Les trois composés sélectionnés possèdent un profil ADME favorable et aucun d’eux n’a montré la tendance à l’hépatotoxicité, la cancérogénicité, la mutagénicité, la cytotoxicité et l’immunotoxicité. Par conséquent, ces composés d’Artemisia annua pourraient faire l’objet d’études expérimentales et d’autres développements dans des médicaments pour le traitement du SRAS-CoV-2. »

Le profil ADME en question a pour fonction, dans les protocoles biopharmaceutiques, d’évaluer le potentiel d’isolation d’une molécule afin d’en faire la substance active d’un médicament.

Traduction : au moins trois molécules de l’Artemisia annua sont effectivement efficaces contre le Covid.

Mais pourquoi à tout prix conclure qu’il faudrait isoler ces molécules pour en faire des médicaments… plutôt qu’employer la plante elle-même ?

Je vous laisse me donner votre réponse et votre opinion à ce sujet.

Ce ne sont pas les seules promesses thérapeutiques récemment découvertes au sujet de l’Artemisia annua.

Acné, diabète… cancer

L’an dernier, suite à des essais in vitro, une étude coréenne indiquait que des extraits naturels d’Artemisia annua peuvent inhiber la prolifération des cellules acnéiques et réduire l’inflammation[4].

Fin juin dernier, c’est l’effet hypoglycémiant d’extraits aqueux et alcooliques d’Artemisia annua qui a été démontré sur des souris diabétiques dans une étude iranienne : les chercheurs ont constaté que les souris traitées avec ces extraits faisaient moins d’hyperglycémie et avaient une insuline plus stable[5].

Mais l’étude la plus spectaculaire a été publiée il y a moins d’un mois, et on la doit de nouveau à des chercheurs chinois : 18 sesquiterpènes (une famille de molécules jouant divers rôles métaboliques) se sont révélées avoir des propriétés cytotoxiques ; comprenez : ayant des possibles usages anticancer.

Ce qui est intéressant, avec cette étude, c’est qu’elle a pour point de départ les indications de traitements de l’Artemisa annua en médecine traditionnelle chinoise, à savoir « éliminer la chaleur et détoxifier ».

Les chercheurs chinois rappellent en effet que l’Artemisia annua est connue depuis au moins le 2ème siècle avant J.-C. pour traiter 52 maladies.

Plusieurs études précédentes avaient conclu à un effet cytotoxique de l’Artemisia annua, sans pour autant identifier les molécules impliquées dans ce mécanisme.

L’une de ces 18 sesquiterpènes a en particulier provoqué l’apoptose (c’est-à-dire la destruction) de cellules du cancer colorectal humain en 24h[6] !

Ces résultats rejoignent ceux de précédentes études qui avaient trouvé une activité anticancer de l’artémisinine (la substance active produite par Artemisia annua) contre :

  • le cancer du poumon [7];
  • le cancer du sein [8];
  • le cancer des ovaires [9];
  • le cancer de l’endomètre [10]
  • et le cancer de l’estomac [11].

Quand l’hypocrisie cessera-t-elle ?

Les bienfaits thérapeutiques d’Artemisia annua sont donc de plus en plus documentés selon les critères actuels de la recherche médicale.

Pour autant, la plante reste proscrite actuellement en France.

Est-ce pour empêcher chacun d’y accéder… Ou pour laisser la part belle à l’industrie pharmaceutique, qui peut ainsi « librement » exploiter ses molécules aux propriétés anticovid, anticancer, antidiabète et antiacné ?

Cette attitude n’est pas seulement cupide : elle est dangereuse.

Car ce qui fait effet, chez une plante, ne se réduit pas à deux ou trois molécules que l’on peut isoler pour en faire un médicament : cela tient aussi à l’équilibre biochimique naturel de la plante, ce que les phytothérapeutes appellent le totum.

Certaines propriétés pharmacologiques et médicinales d’une plante ne sont ainsi pas liées à une seule ou quelques substances, mais à un équilibre de molécules agissant en synergie.

Et c’est cette synergie qui est à l’origine des indications et des effets sur lesquels repose l’usage traditionnel de la plante : les praticiens de médecine traditionnelle chinoise devraient le savoir mieux que personne au sujet de l’Artemisia annua.

Interdire cette plante – comme c’est le cas en France – pour mieux se répartir le butin de ses principes actifs en laboratoire est donc non seulement égoïste, mais criminel : combien de patients auraient déjà pu utiliser cette plante pour mieux lutter contre (par exemple) le covid ?

Sans attendre qu’un éventuel médicament soit tiré d’une ou deux de ses molécules… ni sans comprendre ce qui fait l’alchimie complète thérapeutique de cette plante ?

Quand cette hypocrisie cessera-t-elle ?

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] https://alternatif-bien-etre.com/coronavirus/la-france-en-retard-sur-madagascar/

[2] Loumé L (05.10.2015). Prix Nobel de médecine 2015 : le fabuleux destin de Youyou Tu. Sciences et avenir. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/prix-nobel-de-medecine-le-fabuleux-destin-de-youyou-tu_29518

[3] Johnson TO, Adegboyega AE, Ojo OA, et al. (2022). A Computational Approach to Elucidate the Interactions of Chemicals From Artemisia annua Targeted Toward SARS-CoV-2 Main Protease Inhibition for COVID-19 Treatment. Front. Med. 9:907583. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2022.907583/full

[4] You J, Roh K-B, Oh S, et al. (2021). Anti-acne Properties of Artemisia annua Extract In Vitro. Journal of the Society of Cosmetic Scientists of Korea, 47(3), 247–254. https://koreascience.kr/article/JAKO202128837818059.page

[5] Ghanbari M, Lamuki MS, Habibi E, et al. (2022). Artemisia annua L. Extracts Improved Insulin Resistance via Changing Adiponectin, Leptin and Resistin Production in HFD/STZ Diabetic Mice. J Pharmacopuncture 25(2):130-137. https://www.bernardsudan.net/artemisia-annua-a-un-effet-hypoglycemique-chez-les-souris-diabetiques/

[6] Han X, Chai Y, Lv C, et al. (2022). Sesquiterpenes from Artemisia annua and Their Cytotoxic Activities. Molecules 27(16):5079. https://www.mdpi.com/1420-3049/27/16/5079

[7] Sun Q, Teong B, Chen IF, et al. (2014). Enhanced apoptotic effects of dihydroartemisinin-aggregated gelatin and hyaluronan nanoparticles on human lung cancer cells. J. Biomed. Mater. Res. B Appl. Biomater. 102, 455–462.

[8] Jamalzadeh L, Ghafoori H, Aghamaali M et al. (2017). Induction of Apoptosis in Human Breast Cancer MCF-7 Cells by a Semi-Synthetic Derivative of Artemisinin: A Caspase-Related Mechanism. Iran. J. Biotechnol. 15, 157–165.

[9] Greenshields AL, Shepherd TG, & Hoskin DW (2017). Contribution of reactive oxygen species to ovarian cancer cell growth arrest and killing by the anti-malarial drug artesunate. Mol. Carcinog. 56, 75–93

[10] Tran KQ, Tin AS, & Firestone GL. (2014). Artemisinin triggers a G1 cell cycle arrest of human Ishikawa endometrial cancer cells and inhibits cyclin-dependent kinase-4 promoter activity and expression by disrupting nuclear factor-κB transcriptional signaling. Anticancer Drugs 2014, 25, 270–281.

[11] Zhang S, Shi L, Ma H, et al. (2016). Dihydroartemisinin induces apoptosis in human gastric cancer cell line BGC-823 through activation of JNK1/2 and p38 MAPK signaling pathways. J. Recept. Signal Transduct. Res. 37, 174–180.