Chers amis,

Voici d’étonnantes informations sur le vieillissement et la longévité, qui vont vous intéresser.

Des chercheurs américains ont analysé les données de près de 145 000 décès survenus dans l’état de Washington entre 2011 et 2015[1].

Ils ont dégagé des critères améliorant ou au contraire diminuant les chances d’atteindre cent ans.

Certains critères sont bien connus de vous : les femmes atteignent significativement plus facilement les cent ans que les hommes, vous le savez. Et être « à l’aise » financièrement est également un avantage indiscutable.

D’autres conclusions qui viennent d’être publiées sont absolument surprenantes.

1.    On aurait plus de chance d’atteindre cent ans en n’étant pas ou plus marié !

Le mariage a longtemps été considéré comme un facteur protecteur du point de vue de la santé et de la longévité, comparé au fait d’être célibataire ou divorcé.

D’après leur étude statistique, les chercheurs de l’État de Washington constatent l’inverse.

  • Être veuf ou veuve serait, d’après leurs observations, la situation la plus « favorable » ;
  • N’avoir jamais été marié vient en deuxième ;
  • Être divorcé ou séparé apporte un peu moins d’avantages… mais serait tout de même plus intéressant qu’être marié !

Je ne sais trop que penser de cette observation de mon côté !

Mais je trouve intéressant que soit remise en cause, par des chiffres sérieux, l’idée que le mariage favoriserait les conditions d’une vieillesse heureuse et en bonne santé.

Car j’ai constaté, autour de moi, que bien des personnes de 60 à 80 ans qui « restent ensemble » par habitude ou découragement…

…sont en fait prisonnières de leur mariage et plus malheureuses que d’autres personnes âgées devenues « libres ».

Je vous déconseille évidemment d’assassiner votre époux ou votre femme dans l’espoir de vivre veuve ou veuf plus longtemps ! :)

2.    On aurait plus de chance de devenir centenaire… si on a fait peu d’études !

Autre « scoop » : la longévité selon le niveau d’études ne serait pas celle qu’on croit.

Combien de fois avez-vous entendu qu’un haut niveau d’éducation serait associé à une plus forte longévité ?

Des chercheurs de l’État de Washington affirment que, bien au contraire, vous auriez plus de chances d’atteindre cent ans si vous avez commencé à travailler tôt, avec à peine un certificat d’études en poche, que si vous avez passé un doctorat.

Leur explication est que des études longues rimeraient avec :

  • un endettement important ;
  • plus de stress professionnel ;
  • plus de pression sociale pour ne pas se retrouver « déclassé » ;
  • …et donc une mortalité plus précoce.

Je serais prudent avec cette deuxième découverte parce qu’elle contredit ce que les démographes européens nous enseignent.

Peut-être est-elle spécifique à la population des États-Unis, pays de l’ultra-libéralisme et de la pression socio-économique permanente.

En tous cas les chiffres des chercheurs de Washington ont été confirmés par trois études récentes importantes[2],[3],[4].

Et je trouve cela fort intéressant.

3.    Mieux vaudrait vivre en ville qu’à la campagne !

Troisième découverte à sensation de ces chercheurs : vivre en ville serait un facteur favorisant pour atteindre cent ans.

Alors là, ça paraît peu croyable…

Car nous avons tous en tête ces « zones bleues » à forte proportion de centenaires, caractérisées par une vie au grand air, proche de la nature ; à l’image de ces Grecs de l’île d’Ikaria qui cultivent leur potager ou de ces bergers sardes qui vont garder leurs chèvres dans la montagne.

En fait ce que disent ces chercheurs, c’est qu’il est possible de devenir centenaire presque partout, même dans une grande ville.

La grand-mère de mon ami Sébastien Duparc, qui a eu 100 ans le 22 mai dernier, me l’a prouvé récemment : elle a reçu la « médaille d’honneur » que donne la mairie de Paris à chaque nouveau centenaire dans la capitale.

L’étude américaine affirme que deux conditions sont nécessaires pour atteindre 100 ans en ville :

a)    Vivre dans un environnement très piétonnier

Nos auteurs remarquent que celles et ceux qui dépassent cent ans vivent dans des environnements urbains où il est possible de tout faire à pied : faire ses courses, voir ses amis, se promener dans un parc.

Cette observation recoupe parfaitement l’une des leçons des zones bleues, qui est qu’un critère déterminant de la longévité est une activité physique douce et quotidienne. Autrement dit ; aller acheter ses fruits et légumes au marché en faisant un à deux kilomètres à pied est plus bénéfique que de courir sur un tapis roulant pendant une heure en salle de sport… avant de s’affaler devant la télévision.

b)    Habiter dans un quartier mixant les âges et les catégories sociales

Les petites villes et les quartiers des grandes villes où l’on trouvait le plus de centenaires dans l’étude de Washington se caractérisaient par une très forte mixité de classes d’âge et de catégories socioculturelles.

Cette mixité est, on le sait aussi grâce aux zones bleues, un critère déterminant de longévité : faire partie d’une communauté où tous les âges et toutes les catégories de population se côtoient permet de rester actif et en meilleure forme bien plus longtemps.

Nous avons tendance, en Occident, à organiser des « ghettos » de personnes âgées où nos aînés vieillissent entre eux.

C’est le contraire dans les zones bleues que j’ai visitées, où les séniors sont pleinement intégrés à la vie du village ou du quartier et où ils jouissent au contraire du prestige dû à leur expérience et à leur sagesse.

J’espère que ces informations nouvelles sur le vieillissement vous auront intéressés. N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires dans le lien ci-dessous !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] BHARDWAJ Rajan, “Environmental Correlates of Reaching a Centenarian Age : Analysis of 144,665 Deaths in Whashington State for 2011-2015” MDPI, 12 Avril 2020, disponible sur : https://www.mdpi.com/1660-4601/17/8/2828/htm

[2] Masters, R.K.; Hummer, R.A.; Powers, “D.A. Educational Differences in U.S. Adult Mortality: A Cohort Perspective”. Am. Sociol. Rev. 201277, 548–572. [Google Scholar] [CrossRef]

[3] Montez, J.K.; Hummer, R.A.; Hayward, M.D. “Educational Attainment and Adult Mortality in the United States: A Systematic Analysis of Functional Form.” Demography 201249, 315–336. [Google Scholar] [CrossRef]

[4] Hayward, M.D.; Hummer, R.A.; Sasson, I. “Trends and group differences in the association between educational attainment and U.S. adult mortality: Implications for understanding education’s causal influence.” Soc. Sci. Med. 2015127, 8–18. [Google Scholar] [CrossRef] [PubMed]