Chers amis,

Vous arrive-t-il de ne plus savoir où vous avez posé vos clés ? Où vous avez garé votre voiture ? Ce que vous êtes venus chercher dans cette pièce ?

C’est tout à fait normal.

Avec l’âge, nos capacités cognitives, comme la mémoire, la concentration et le raisonnement, s’affaiblissent.

Votre cerveau renouvelle moins ses réseaux de neurones. 

On a longtemps pensé que le ‘stock’ de neurones était définitivement acquis à la naissance…

Nature a publié l’an passé une étude démontrant au contraire que le cerveau humain peut en réalité produire de nouveaux neurones… jusqu’à 90 ans et même plus[1]!

Vous pouvez lui donner un petit coup de pouce en pratiquant au quotidien un peu de « gymnastique cérébrale ».

C’est utile et amusant ! 

Jouer et voyager freinent le déclin cognitif

Toutes les activités stimulant le cerveau sont bonnes pour maintenir ce dernier en bonne santé.

Plus vous en faites, plus vous le préservez sa jeunesse !

Les neurologues de la célèbre clinique Mayo, aux Etats-Unis, ont suivi pendant 5 ans plus de 2000 personnes âgées de plus de 70 ans sans troubles cognitifs[2].

Ils les ont interrogées sur leur pratique, depuis leurs 50 ans, de 5 types d’activités stimulantes pour le cerveau, et leur ont fait passer des tests cognitifs tous les 15 mois.

Voici les résultats qui ont dépassé toutes les espérances des chercheurs :

1.    La lecture, qui fait travailler votre concentration, votre capacité à raisonner et à associer des idées, diminuerait le risque de déclin cognitif de 17% ; 

2.    Les activités manuelles et créatives (jardinage, bricolage, peinture, jouer d’un instrument de musique, etc.) diminueraient ce même risque de 42% ;

3.    Les voyages et les sorties, au musée, à un concert, un spectacle, ou dans un monument, surtout si elles sont partagées avec des amis, aiguisent votre curiosité et vous font découvrir et mémoriser de nouveaux lieux. Ces activités sont associées à une diminution du risque de développer un déficit cognitif de 20% ;

4.    …tout comme les jeux, de cartes, de calcul mental ou de concentration. Je vous recommande donc de profiter de l’été pour jouer à la belote sur la terrasse et pour remplir vos sudokus ou mots croisés sur la plage !

5.    Enfin l’utilisation d’un ordinateur entre 50 et 65 ans diminuerait de 48% (!) le risque de déclin. Après 66 ans, la protection est de 30% ; 

Mieux encore, les participants qui combinent ces activités cumulent leurs bienfaits : ils ont 28% de risques en moins de développer un déficit cognitif en s’engageant dans deux de ces activités (par rapport à ceux qui ne font rien), et 56 % pour 4 activités !

Mais ne vous surmenez pas, chez ceux qui « se surchargeaient » en cumulant 5 activités, le bénéfice observé ne dépassait pas les 43%.

Mais où est donc Ornicar ?

Vous vous souvenez sûrement de cette phrase.

La preuve qu’elle est efficace !

Encore enseignée à nos chers écoliers, elle sert à se souvenir de façon amusante des « conjonctions de coordination ».

Si ça marche aussi bien, c’est que votre cerveau retient beaucoup mieux les images et les phrases qui ont du sens que des données abstraites, comme des listes de chiffres ou de mots sans lien entre eux.

Lorsque vous voulez mémorisez un numéro de téléphone ou une date, vous vous contentez de le répéter encore et encore, « jusqu’à ce que ça rentre » ?

Vous avez pu constater à quel point c’est fastidieux et inefficace.

Il existe d’autres astuces mnémotechniques, encore plus fortes qu’Ornicar !

En voici 3 qui travaillent efficacement votre mémoire et vous aideront à garder un cerveau jeune :

Mémoriser un code ou un n° de téléphone

Notre quotidien est rempli de codes compliqués : code d’entrée, de carte bleue, de sécurité sociale, mots de passe… 

Bien sûr, vous pouvez les noter sur un carnet ou sur votre téléphone portable.

Mais vous pouvez aussi vous en servir pour entraîner votre cerveau et apprendre une technique qui vous permettra enfin de mémoriser ces chiffres une fois pour toutes !

Mon astuce préférée, que j’utilise au quotidien, c’est la division : je divise le code que je veux retenir en petits éléments qui ont du sens pour moi.

Mettons que votre code de carte bleue soit 3014.

Vous pouvez par exemple associer le 3 à un triangle (trois côtés), le 0 à un cercle, et le 14 au début de la première guerre mondiale.

Chaque fois que vous utilisez votre CB, pensez à « vos indices ». 

A chaque fois, vous renforcez « la trace » dans votre cerveau…

Et en trois jours, le souvenir de votre code sera indélébile !

Astuce n°2 : l’association

Une autre astuce toute bête consiste à associer chaque chiffre à un mot dont le nombre de lettres est équivalent.

Par exemple, pour le code 46 98 :

4 : mot en 4 lettres -> leur
6 : mots en 6 lettres -> enfant
9 : mots en 9 lettres -> gesticule
8 : mots en 8 lettres -> beaucoup

Ce qui nous donne la phrase : « Leur enfant gesticule beaucoup ».

Simple à retenir, impossible à oublier.

Construisez votre palais mental

Allons encore plus loin, et inspirons-nous de Ron White.

En 2013, ce vétéran de l’US Navy, la marine américaine, a rendu un hommage émouvant aux soldats américains morts en Afghanistan.

Il a inscrit de mémoire, sur un tableau noir, TOUS les noms, prénoms et grades, de ses 2200 camarades décédés.

Soit plus de 7000 mots, pour une performance qui a duré 11 heures[3]!

Le plus étonnant ?

Ron White n’a pas une mémoire exceptionnelle

Il a « simplement » utilisé la bonne méthode : la « méthode des loci » (lieux, en latin).

La même qu’utilisaient déjà les orateurs romains dans l’Antiquité pour mémoriser leurs longs discours !

Pour cette technique, vous aurez besoin d’un lieu que vous connaissez bien et que vous pouvez facilement visualiser (votre maison, le trajet quotidien vers la boulangerie, etc.). 

Une fois trouvé, l’idée est de se représenter ce lieu comme un « palais mental » : vous le visiterez en imagination et toujours dans le même ordre.

Essayez maintenant !

Imaginez votre porte d’entrée. Ouvrez-la et visualisez la première pièce dans laquelle vous arrivez. Restez-y un moment et répertoriez quelques meubles, bibelots, la décoration… Passez ensuite à une autre pièce, la cuisine par exemple, et répertoriez-y quelques meubles importants (le lavabo, le frigo…). Continuez ainsi pour chaque pièce en respectant toujours le même parcours logique.

Lorsque vous avez terminé votre circuit, recommencez votre parcours mental mais rapidement cette fois. Juste pour mémoriser l’ordre de passage dans les pièces.

Répétez 2 ou 3 fois, jusqu’à ce que vous soyez bien imprégné.

Votre « palais mental » est construit, il vous aidera à retenir à vie n’importe quelle liste d’éléments !

Voici comment vous pouvez mettre à profit votre palais mental : 

Partez aux courses sans liste, avec tout dans la tête

Vous voulez, par exemple, retenir la liste de courses suivante :

•    Journal
•    Carottes
•    Pain
•    Lait
•    Papier essuie-tout
•    Vinaigre
•    Poires

Représentez-vous à nouveau votre palais mental et ‘déposez-y’ un à un les éléments de la liste :

Vous pouvez par exemple imaginer cette scène :

Vous ouvrez la porte de chez vous. Vous posez le journal sur le petit meuble de l’entrée.

Vous retirez vos chaussures… et les remplissez d’un tas de carottes (les images insolites sont plus simples à mémoriser !). Vous mettez le pain dans le porte-parapluies, vous rendez dans la cuisine et versez du lait dans le bol du chat. Malheureusement, vous le renversez, et l’essuyez avec du papier essuie-tout.

Enfin, vous vous rendez dans votre bureau pour consulter votre ordinateur. Vous nettoyez votre clavier au vinaigre et cliquez avec une souris en forme de poire.

Je vous garantis qu’après avoir visualisé une telle scène deux ou trois fois et vous l’être remémorée, il vous sera impossible d’oublier quoi que ce soit au supermarché.

A vous maintenant d’imaginer des scènes avec votre palais mental ! Plus vous l’utilisez, mieux vous retiendrez des informations variées et nombreuses.

Cet exercice est excellent pour freiner le déclin cognitif : il travaille votre mémoire et votre créativité.

Bien sûr, si vous ne voulez retenir qu’une petite liste, vous n’aurez pas besoin de toutes les pièces. 

Au contraire, pour tenir une liste aussi longue que Ron White, il vous faudra agrandir votre palais mental.

Les 2200 lieux précis qu’a utilisé le vétéran américain étaient des restaurants, des panneaux de signalisation, des arbres, etc. de sa ville natale au Texas. Il a aussi utilisé une image mentale lui rappelant le nom et le grade de chaque soldat, qu’il a ensuite ‘déposé’ dans chaque endroit.

C’est en se remémorant son ‘palais mental’ qu’il a été capable d’un tel exploit.

Cela peut paraître fastidieux au départ, mais vous pouvez commencer petit.

Et je vous garantis qu’en plus de protéger votre cerveau du déclin cognitif, vous finirez bientôt par impressionner vos proches !

Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet


[1] Moreno-Jiménez, E.P., Flor-García, M., Terreros-Roncal, J. et al. Adult hippocampal neurogenesis is abundant neurologically healthy subjects and drops sharply in patients with Alzheimer’s disease. Nature Medicine, 2019, https://www.nature.com/articles/s41591-019-0375-9
[2] J. Krell-Roesch et al., « Quantity and quality of mental activities and the risk of incident mild cognitive impairment », Neurology, vol. 93, e548-e558, août 2019, https://n.neurology.org/content/93/6/e548.
[3] Christina NG, « Texas Navy Veteran Memorizes Names of 2,200 Slain Military Members », ABC News, mars 2013, https://abcnews.go.com/US/texas-navy-veteran-memorizes-names-2200-slain-military/story?id=18630322