Chers amis,
Elle jonche les chemins, envahit nos jardins, et c’est la bête noire des promeneurs en culotte courte.
Pourtant, cette « mauvaise herbe » est riche en nutriments et dotée de vertus médicinales considérables.
Je parle de l’ortie, une plante au passé doré qui mériterait de revenir dans nos assiettes.
Une « star » déchue
On reconnait l’ortie par le fait que ses feuilles poussent en rangées opposées
On a tendance à l’oublier, mais l’ortie fut l’une des grandes « stars » des plantes médicinales. Hippocrate, Avicenne ou encore Hildegarde de Bingen la mentionnaient déjà dans leurs écrits.
En France, on l’utilise régulièrement depuis l’époque de Louis XIV[1]. L’ortie servait jadis :
- contre la goutte ;
- pour les rhumatismes ;
- en cas de gastrite (une inflammation de l’estomac) ;
- pour les phlébites ;
- et même à freiner les hémorragies !
Ses bienfaits sont par la suite tombés dans l’oubli, peut-être à cause de sa réputation d’herbe à éviter pour ne pas se faire piquer…
Pour l’anecdote, il était coutume dans la région de Marseille d’offrir un bouquet d’orties à celle que l’on voulait quitter !
Mais justement, c’est parce qu’elle pique que l’ortie est si précieuse !
Selon Samuel Thayer, expert de référence dans le domaine des plantes sauvages, si l’ortie n’était pas urticaire, les prédateurs se seraient jetés dessus depuis longtemps[2] !
Aujourd’hui, des études démontrent que l’ortie possède un réel pouvoir curatif.
D’abord, elle est l’une des plantes les plus riches en nutriments[3], ce qui fait d’elle un excellent légume de substitution.
Elle contient :
- des vitamines A, C, K, et plusieurs vitamines du groupe B ;
- des minéraux : calcium, fer, magnésium, phosphore, potassium ;
- tous les acides aminés essentiels ;
- des polyphénols : le kaempférol, la quercétine, l’acide caféique, des coumarines et d’autres flavonoïdes.
Des promesses médicinales contre le diabète, les hypertrophies de la prostate et les allergies…
L’ortie est aussi un remède contre les hypertrophies bénignes de la prostate (provoquées par le développement d’une tumeur cancéreuse bénigne).
Dans une étude que j’ai pu consulter, un extrait d’ortie pris à mesure de 500 mg par jour a montré pouvoir faire diminuer chez 81 % des patients le volume de leur prostate[4].
Dans une autre étude publiée dans le journal Clinical Laboratory, l’ortie a démontré qu’elle pouvait réguler la glycémie après les repas, et donc potentiellement servir en soutien des personnes diabétiques[5].
L’ortie serait aussi excellente contre les allergies et notamment les rhinites, grâce à la quercétine qui régulerait la réponse du système immunitaire et limiterait donc les réactions allergiques[6].
« Mais Rodolphe, comment manger une plante qui pique ?? »
Comment manger une plante qui pique ?
C’est la question que je me suis posée moi aussi la première fois que j’ai appris qu’on pouvait manger de l’ortie !
L’ortie pique parce qu’elle est recouverte de trichomes, d’invisibles aiguilles qui rentrent dans la peau et libèrent plusieurs toxines : de la sérotonine, des histamines, de l’acétylcholine, de l’acide méthanoïque et de l’acide tartrique.
En revanche, lorsqu’on la fait cuire, qu’on la plonge dans l’eau bouillante ou qu’on la fait sécher, l’ortie perd tout effet irritant.
On peut aussi manger la feuille crue, certains le font après avoir appris à bien l’écraser entre les doigts…
L’ortie, mode d’emploi
Je vous conseille de commencer votre cueillette d’orties à la fin de l’hiver. Les jeunes orties sont délicieuses et ne piquent pas, on peut les cueillir à la main.
Durant le printemps, la plante devient plus irritante. Dans ce cas, mieux vaut se munir de gants pour éviter toute piqûre.
Mon conseil, quand il s’agit d’orties mûres : prenez les six premières feuilles les plus hautes de l’ortie, ce seront les plus concentrées en goût et en nutriments.
Évitez celles qui sont trop près du sol : des renards, ou d’autres bêtes, pourraient avoir uriné dessus.
Lavez-les ensuite à l’eau comme une salade : attention, elles piquent encore à ce moment-là donc servez-vous d’un ustensile.
L’une de mes amies les fait sécher plusieurs jours en les suspendant, tête en bas, dans sa cuisine.
Voici 2 recettes utiles :
Infusion d’ortie
Faites bouillir de l’eau. Une fois à ébullition, versez une quinzaine de feuilles d’orties fraîches ou séchées dans l’eau et laissez infuser dix à quinze minutes dans la théière avant de servir.
Soupe d’ortie
Dans une casserole, faites revenir deux oignons et une gousse d’ail avec une pincée de sel. Une fois les oignons dorés, ajoutez l’eau bouillante. Rajoutez ensuite 60 grammes d’orties, environ un saladier, et laissez cuire pendant 6 ou 7 minutes. Sortez la casserole du feu et avec un mixeur plongeant, mixez le contenu de la casserole. Ajouter à votre convenance de la crème et du poivre. C’est économique et surtout délicieux !
Si vous connaissez déjà des astuces ou des recettes qui contiennent de l’ortie, n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires plus bas.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] Delahaye (J.), « Utilisations de l’ortie-Urtica dioïca L. », Sciences pharmaceutiques. 2015. dumas-01232406, consulté en décembre 2019, disponible sur https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01232406/document
[2] Thayer (S.), The Forager’s Harvest: A Guide to Identifying, Harvesting, And Preparing Edible Wild Plants, Foragers Harvest Press, 2008, 368 p.
[3] Upton (R.), « Stinging nettles leaf (Urtica dioica L.): Extraordinary vegetable medicine », Journal of Herbal Medicine, vol. 3, no 1, mars 2013, pp. 9-38.
[4] Safarinejad (M. R.), « Urtica dioica for treatment of benign prostatic hyperplasia: a prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled, crossover study », Journal of Herbal Pharmacotherapy, 2005, vol. 5, no 4, pp. 1-11, consulté en décembre 2019, disponible sur http://dx.doi.org/10.1080/J157v05n04_01
[5] Kianbakht (S.), Khalighi-Sigaroodi (F.) et Dabaghian (F. H.), « Improved glycemic control in patients with advanced type 2 diabetes mellitus taking Urtica dioica leaf extract: a randomized double-blind placebo-controlled clinical trial », Clinical Laboratory, 2013, vol. 59, no 9-10, pp. 1071-6, consulté en décembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.7754/clin.lab.2012.121019
[6] Mittmann (P.), « Randomized, Double-Blind Study of Freeze-Dried Urtica dioica in the Treatment of Allergic Rhinitis », Planta Medica, 1990, vol. 56, no 1, pp. 44-47, consulté en décembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1055/s-2006-960881
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En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
bonjour moi je connais la recette de la soupe aux orties mais au lieu de mettre de la crème fraîche je mets de la vache qui rit
Bonjour,
Merci pour ces précisions concernant l’ortie qui a fini de me convaincre des vertus de l’ortie. Quant à la recette de la soupe vous ne précisez pas quelle quantité d’eau est nécessaires. 1/2 l ? Plus ? Moins ?
Je vous souhaite de très bonnes Fêtes
Merci Rodolphe pour ce bel article sur cette plante fabuleuse ! Je « broute » l’Ortie depuis de longues année et m’en porte fort bien !!! :-D A vos deux recettes, vous pouvez, si vous le souhaitez, ajouter le tartare d’ortie, où on l’utilise crue, ce qui permet de bénéficier encore plus de ses superbes propriétés.
Recette du Tartare d’Ortie : (recette ayurvédique, à ma façon ! :-D )
Les Orties sitôt cueillies, passez-les rapidement sous l’eau chaude (pas bouillante !) avant de les émincer, cela atténuera leur côté urticant. Vous pouvez aussi les préparer 2h à l’avance pour obtenir le même résultat sans les chauffer du tout.
L’été, vous pouvez aussi rajouter une Tomate bien mûre pelée et épépinée, coupée en petits dés, un Oignon doux émincé, un grain d’Ail, cela devient un délicieux carpaccio !
Le « tour de main » se trouvera dans la sauce :
1 c. à s. de purée de sésame ( Amer/Astringent)
1 c. à s. de moutarde (Piquant)
1 c. à s. de vinaigre de cidre (Acide)
1 c. à c. de shoyu (Salé)
1 c. à c. de curry en poudre (Piquant – Amer – Astringent )
Bien mélanger ces 5 premiers ingrédients pour former une pâte onctueuse.
Ajouter 3 c. à s. d’huile Colza / Olive
et un peu de poivre si vous voulez renforcer le Piquant.
Bien mélanger à nouveau.
Ajouter et mélanger cette sauce aux herbes choisies, lavées et émincées finement au ciseau.
Servir sur du Pain des Fleurs ou sur des chapatis encore chaudes, sortant de la poêle, ou aussi sur des feuilles d’Endives pour renforcer l’Amer/Astrigent et l’effet nettoyant.
Voilà ! Amusez-vous bien, et bon appétit !!
Claudine Collet RUBIELLA – Ayurvéda et Voie Toltèque.
http://www.ayurveda-voietolteque.com
bravo pour les orties ! Je les mélange avec les feuilles de blettes dans les gratins ; remplace les poireaux dans les soupes de légumes etc …
Bonjour,
Est-ce que l’ortie contient de l’acide oxalique ?
Bonjour et merci pour votre sujet sur l ‘ortie ….il existe un moyen simplissime de la consommer sans détruire ses pouvoirs ; mettre des feuilles d’ortie fraîches dans un récipient en verre , les recouvrir entièrement d’eau de source .Laissez infuser toute le nuit , au matin filtrer et boire l’eau d’ortie , légèrement colorée à jeun .Dépuratif hors pair , nettoyage du sang et du foie .
Je me demande pourquoi , les acteurs de la santé naturelle s’intéressent si peu aux algues , pourtant d’une richesse minérale exceptionnelle ! Est ce parce qu’elles fixent aussi la pollu
tion et que le rapport risque , bénéfice ne serait plus en faveur de ses consommateurs ? A mon humble avis , un sujet à creuser .Un grand merci pour votre travail et son partage .Très joyeuses fêtes .Louise michelle
Bonjour,
Efficace ainsi je ne sais pas mais j’ajoute aux légumes dans mes soupes un peu d’orties séchées, j’habite en ville et ne trouve que de l’ortie séchée en vrac en magasin bio. Son goût en infusion ne me plaisant pas trop j’ai opté pour cette méthode
Bonjour Rodolphe,
Je vous remercie pour vos articles originaux et hors de la langue de bois !
C’est rafraichissant.
J’ai une question d’importance au sujet de la possible utilisation de l’ortie dans le cas de mastocytose systémique.
N’est ce pas histamino libérateur ?
Je vous remercie pour votre réponse.
Belle journée
Julie 😎
Bonjour Monsieur Bacquet
Je lis vos lettres, très curieuse, envie d’apprendre. Mais surtout refaire ce que ma maman faisait autre fois. Avec les plantes , elle préparait décoctions etc….. Elle n’est plus et son carnet à disparu.
J’ai un traitement pour un cancer, hormonothérapie, il m’est interdit les œstrogènes. Dans mes recherches je trouve des plantes etc… mais celles ci en possèdent. Il est très difficile de trouver ces réponses ,car les sites ne donnent pas toujours ce type d’information. Pourriez vous me conseiller, nous dire Ce type d’information car je pense que je ne suis pas la seule dans ce cas.
Merci pour tous vos conseils
Bien à vous
Il faut toujours distinguer les différentes parties d’une plante pour ne pas avoir les mêmes propriétés. Ce qui est le cas pour les feuilles et la racine d’ortie. Je conseillerai plus la racine d’ortie pour les problèmes de prostate et ou de problèmes urinaires en cas d’hypertrophie de la prostate. Mais attention à la posologie car l’ortie détoxique le corps des métaux lourds qui re largués dans le flux sanguin peut provoquer un certain mal être ou même des petits Étourdissements.
moi , je les les fais revenir 5 ou 6 mn dans une poêle chaude huilée , comme les épinards et un peu de crème fraîche
https://lherbierdhabren.jimdofree.com/2018/04/17/6-belles-fibres-mme-l-ortie/
Merci pour votre article. L’ortie est formidable.
bonjour cher Rodolphe…toujours très réceptive à tout ce que vous nous offrez en partage…Je me suis installée avec mes 3 fils dans une grange non aménagée il y a bien longtemps…le terrain était plein d’orties, de ronces, de chardons et… de menthe pour tout digérer !! Avec mon premier mari, nous étions déjà très ouverts
aux bienfaits des orties que nous allions cueillir dans des coins reculés le long du Gardon où nous vivions à l’époque… Bref, ici, j’ai cuisiné ma soupe d’orties que j’appelle toujours de « la bave de crapaud » ! mais je suis capable de faire des valses de meringues…ça sent le conte de fées ! je cueille un seau d’orties, les têtes principalement…je les fais cuire à l’étouffée…pendant ce temps, je fais une sorte de Béchamel avec une bonne huile bio, un peu de farine semi-complète et du lait d’avoine et de l’ail, sel et poivre..et je mixe le tout en velouté que je sers avec des croûtons de mon pain au levain , grillés et frottés à l’ail…
Quand le mélange est assez épais, j’en fais des petites tourtes…
J’ai fait de l’accueil en chambres d’hôtes familiales avec table d’hôtes et ma soupe d’orties était incontournable !
Merci encore infiniment pour tout
Avec toute ma sympathie
Anne
depuis quand la sérotonine et l’acétylcholine sont ils considéré comme des toxique?
Je vous réfère à cet article : https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-245/Reactions-cutanees-allergiques-et-toxiques-aux-plantes dans la section urticaire de contact non immunologique.
Dans la soupe d’ortie j’ajoute du lait de coco en fin de cuisson c’est délicieux!
Merci pour les infos pertinentes que vous partagez….
Joyeux Noêl!