Chers amis,

Mon dernier message où je parlais du régime végan a produit des réactions contrastées.

Marie m’écrit : « La viande et le poisson sont des aliments « morts » : vous mangez du cadavre… (…) Comment voulez-vous que ce soit bon pour vous ? »

À l’inverse, Anthony, qui se présente comme « naturopathe, orienté médecine fonctionnelle et nutritionnelle », me remercie « de remettre quelque peu les pendules à l’heure en matière de nutrition santé ».

Claudine : « OUI, tous les régimes prônés comme panacée sont dangereux. »

Je souhaite éclaircir en quelques mots ma position sur la consommation de protéines animales et ajouter un point capital qui concerne les personnes de plus de 65 ans.

Protéines animales et santé

La cause défendue par celles et ceux qui adoptent le véganisme, je vous l’ai écrit, est respectable.

Qu’on m’entende sur ce point !

Mais beaucoup de végans, portés par l’éthique animale plutôt que par la santé, ne sont pas au courant du rôle exact des protéines animales dans une alimentation équilibrée.

Ces protéines jouent un rôle déterminant à deux âges de la vie :

  • en phase de croissance (jusqu’à 20 ans, en gros), car ces nutriments aident l’enfant à se construire ; raison pour laquelle proposer ou imposer à des petits un régime exclusivement végan est éminemment dangereux ;
  • et lorsque l’on prend de l’âge… ce qui, peut-être, vous surprend davantage. 

Risqué avant 65 ans… protecteur après !

En 2014, une vaste étude menée sur près de 6400 personnes était publiée dans Cell Metabolism. Vous pouvez la lire, elle concerne le rapport entre la consommation de protéines, notamment animales, et le risque de développer un cancer ou une autre maladie mortelle.

Certaines conclusions sont très surprenantes.

Sans surprise, manger moins de protéines en général fait diminuer le risque de mortalité, observent les chercheurs.

Plus la part de ces protéines est végétale, et non animale, plus ce risque se réduit.

Mais cela ne se vérifie… que jusqu’à 65 ans !

Passé 65 ans, les chercheurs ont constaté l’inverse : une consommation plus importante de protéines chez les séniors les protège ceux-ci des maladies liées à l’âge… Et ils sont d’autant mieux protégés si une part croissante de ces protéines est animale[1] !

L’information à retenir est celle-ci : nous avons besoin de plus de protéines animales passé 65 ans.

Pourquoi a-t-on plus besoin de protéines animales passé 65 ans ?

Dans Le Régime de Longévité[2]le Pr Valter Longo, expert du vieillissement et du jeûne thérapeutique à la renommée mondiale, directeur de l’Institut de la longévité de Californie du Sud, encourage à limiter la consommation de protéines animales à l’âge adulte…

… mais à partir de 65-70 ans, au contraire, à « rajouter du poisson, des œufs, de la viande blanche, des produits issus du lait de chèvre ou de brebis »[3].

L’objectif de ces apports « nécessaires » est de maintenir votre masse musculaire, qui a tendance à fondre rapidement après 65 ans.

Une bonne alimentation en protéines animales, associée à un peu d’exercice physique, ralentira le processus.

Or, maintenir sa masse musculaire, tous les experts du vieillissement le savent, c’est le sésame pour atteindre le grand âge en bonne santé !

C’est ainsi que manger de la viande, du poisson et des œufs :

  • peut faire courir certains risques à l’âge adulte si vous en prenez trop (cancer, hypertension, maladies cardiovasculaires et plus généralement pathologies inflammatoires, dépression comprise[4])
  • devient au contraire à l’âge mûr un facteur de protection face aux maladies liées à l’âge.

Si vous me lisez et avez plus de 65 ans, ne vous mettez pas à en consommer à chaque repas, évidemment… ni à faire des « erreurs de débutant » en noircissant vos steaks au barbecue, c’est ultra-cancérogène !

Mais oui, mangez de la viande (plutôt blanche), du poisson et des œufs sereinement 3 ou 4 fois par semaine : les protéines animales que vous absorberez joueront un rôle positif sur votre santé.

En alimentation, il n’y a pas d’autre chemin que celui-ci : la prise de conscience de VOS besoins, en fonction de VOTRE âge, de VOTRE profil alimentaire, de VOS conditions de santé. C’est la seule voie qui vaille. L’alimentation n’est jamais un domaine où l’on peut décréter « ça, c’est mal, et ça c’est bien » !

Portez-vous bien,

Rodolphe 


[1] Levine, Morgan E et al. “Low protein intake is associated with a major reduction in IGF-1, cancer, and overall mortality in the 65 and younger but not older population.” Cell metabolism vol. 19,3 (2014): 407-17. doi:10.1016/j.cmet.2014.02.006
[2]Le Régime de longévité, Pr Valter Longo, Actes Sud, Paris, 2018
[3] Op ; cit., p.119
[4]Moins de viande, Dr Jean-Paul Curtay et Véronique Magnin, éditions Solar, Paris, 2018, pp.122-144